Trois ans après Basic Instinct aux côtés de Michael Douglas, Sharon Stone range les robes et les coiffures de femme fatale bien proprettes et lumineuses de Catherine Tramell pour les remplacer par le chapeau, le pantalon et le colt d'Ellen tous salis par le sable du désert du Far-West; devenant ainsi une cow-girl badass digne des cow-boys des westerns spaghetti de Sergio Leone se déroulant dans des terres désertiques à la chaleur inhumaines et des petites villes insalubres où on ne peut faire confiance à personne.


Chose incroyable, c'est Sam Raimi qui aux commandes de ce film avec une héroïne sensible de la gâchette alors que ce derniers est connu pour ne pas savoir écrire de personnages féminins intéressants en créant/mettant en scène des love-interest fades comme Mary-Jane dans Spider-man ou des fausses héroïnes odieuses comme Christine Brown dans Jusqu'en Enfer.


Revenons à Sharon Stone jouant une cow-girl nommée Ellen. Ellen est attachante mêlant les caractères de l'homme-sans-nom brutal et peu intéressé par ce qui se passe autour de lui dans la Trilogie du dollar et l'homme à l'harmonica dans Il était une fois dans l'ouest. Ici, l'harmonica est une étoile de marshall qui révèlera, petit à petit, le passé d'Ellen tout comme celui de l'homme à l'harmonica avec des flashbacks progressifs durant l'intrigue; flashbacks révélant une tragédie monstrueuse.


Ici, Frank (Henry Fonda), ayant provoqué la mort du frère de l'homme à l'harmonica devient John Herod (Gene Hackman); qui a provoqué la mort du père d'Ellen; deux antagonistes sadiques ayant ruiné les vies des héros/héroïne juste pour le plaisir. La seule véritable différence est que, là où le duel homme à l'harmonica/Frank était frustrant car trop brusquement et trop rapidement achevé sans blessures ni véritable tension, le duel Ellen/John Herod prend son temps au point de nous faire d'abord croire qu'Ellen est morte pour revenir éclatante et triomphante dans un duel palpitant où les blessures s'enchaînent avant de finir dans un duel final plus que satisfaisant.


Mais que raconte le film?
Dans la ville Redemption, le sadique Herod dirige la ville en la faisant vivre dans la violence sans fin. En effet, un tournoi de duels a lieu chaque année entre les habitants de la ville; tournoi qu'Herod a toujours remporté. Ellen prouve ses talents de tireuses en sauvant la vie du prêcheur Cort (Russell Crowe) sur le point d'être pendu et s'inscrit au tournoi pour des raisons personnelles que nous découvrirons au fil du film.


Ceux qui se chargent des inscriptions en donnant des surnoms aux participants sont tellement habitués aux gros bras qu'ils vont jusqu'à surnommer l'héroïne "Lady" lui ôtant ainsi toute individualité en la limitant à son genre dans un monde masculin à la violence toxique.


Tellement toxique qu'Herod n'hésitera pas à tuer son propre fils, Le Kid (Leonardo Dicaprio).


Aux commandes de la musique, Alan Silvestri (connu pour avoir fait des BOs cultes dans de nombreux films de Zemeckis ou encore Spielberg) fait un très bel hommage à Ennio Morricone en créant une bande originale qui possède sa propre individualité tout en rappelant les thèmes des westerns spaghetti que beaucoup d'entre nous adorent;
comme ce passage...
https://www.youtube.com/watch?v=PUpFpwNcHZo
...rappelant les premières notes du thème de Jill McBain dans Il était une fois dans l'ouest
https://www.youtube.com/watch?v=hyYg9oqL4Os


Malheureusement, malgré toutes ses qualités, le film n'est pas à la hauteur de ses inspirations. Ainsi, contrairement à Il était une fois dans l'ouest qui montrait indirectement les conséquences des débuts du capitalisme ou encore à la Trilogie du dollar qui était une aventure qui prenait le temps de développer ses personnages, le fil rouge du film est très vague se limitant à une suite de duels afin de savoir si Ellen sera à la hauteur des conséquences de sa décision au fil de péripéties répétitives donnant l'impression que le film a été créé juste pour faire du spectacle en mode pan-pan boum sans véritable saveur où les conséquences de la violence des morts semblent accessoires juste pour crier sans subtilité "La violence c'est pas bien"/"Tuer c'est mal".
Je me passerai de tout commentaire et résumerai ma pensée avec cet extrait vidéo
https://youtu.be/qyyGFR9potk?t=507
Certes, les passages où Ellen fait du duel de revolvers créent de la tension véritable parce qu'on veut la voir prouver que dans un monde macho les femmes peuvent être aussi bonnes tireuses que les hommes mais ça n'est pas suffisant pour créer une intrigue intéressante.


Autre problème, en dehors d'Ellen et de Cort, les personnages ne sont pas très intéressants. Le patron du salon-hôtel où Ellen loge se limite à une caricature de cliché viril sans subtilité, sa fille (qui n'a pas de nom) est juste une fangirl de notre héroïne qui ne sert à rien et Le Kid (Leornardo Dicaprio) n'est rien d'autre qu'un tombeur vantard. Pourtant, ce dernier avait du potentiel puisque c'est le fils d'Herod cherchant à se prouver à lui qui ne le voit que comme un minable mais ce potentiel est mal exploité et, du coup, on a pas le temps d'avoir de la compassion pour lui.
Aussi, Herod n'est pas un antagoniste très charismatique se contentant d'afficher des "sourires machiavéliques" et à répéter continuellement "Tu n'y arriveras pas parce que tu en es incapable"
Les seuls moments où il semble vraiment menaçant est quand il dit qu'Ellen ne sera jamais capable de tuer, ce qui la perdra et quand il fait face à une Ellen affaiblie et blessée...


...sans oublier le passage où il tue froidement son propre fils pour montrer que sa cruauté est sans limites même envers sa propre famille


Parlons de Cort. Joué par Russell Crowe habitués aux rôles de bourrins, le personnage est loin des rôles typiques de l'acteur. En effet, le prêcheur est conscient de ses erreurs du passé; il sortait régulièrement le colt et la carabine mais ne veut plus faire de mal alors que la ville le pousse à ressortir les armes pour sa survie...


Et si lui et Ellen parviennent à vaincre la ville avec Cort qui détourne les armes qu'on lui a donné pour détruire une ville corrompue, il perdra une amie pour avoir voulu la tuer par réflexe de survie.


...poussé par une violence toxique qui le pousse à bout même s'il tente de l'utiliser le moins possible. D'autant plus qu'il est un très bon adjuvant pour Ellen car cette dernière devient plus sûre d'elle grâce à lui.


Pour finir, je dirai que, même s'il n'est pas un chef d'oeuvre, ce film est plutôt bien pensé et permets de passer un bon moment.

BlackBoomerang
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes autres critiques (Films), Les meilleurs westerns et Les meilleurs films avec une héroïne

Créée

le 29 nov. 2021

Critique lue 72 fois

1 j'aime

1 commentaire

BlackBoomerang

Écrit par

Critique lue 72 fois

1
1

D'autres avis sur Mort ou vif

Mort ou vif
Ugly
8

Festival de duels et clins d'oeil

Sam Raimi, le génie de la trilogie Evil Dead et des Spiderman, redynamise le western à sa façon avec ce pastiche épatant, car il s'agit bien plus d'une parodie habile et réussie qu'un vrai western...

Par

le 17 juil. 2016

36 j'aime

18

Mort ou vif
Hawk
8

Le Western selon Sam Raimi

Beaucoup de personnes boudent ce film réalisé par Sam Raimi dont la mesure où il n'est pas dans son domaine de prédilection : le fantastique. Au contraire, je trouve intéressant qu’un réalisateur...

Par

le 13 nov. 2015

28 j'aime

16

Mort ou vif
LeTigre
9

Les femmes tirent comme des nouilles.

Ellen, une ravissante et respectable étrangère, débarque à la ville de Rédemption où un tournoi de duels est organisé chaque année. Herold, le maître tyrannique et souffre-douleur de...

le 25 mars 2017

24 j'aime

2

Du même critique

Le Noël de Mickey
BlackBoomerang
8

Dickens et Picsou

À l'approche des Fêtes, il est courant de raconter des Contes de Noël aux enfants. Parmi eux, il existe une très célèbre histoire créée par le défunt Charles Dickens: Un Chant de NoëlCet ouvrage a...

le 24 déc. 2022

13 j'aime

16

L'Histoire sans fin
BlackBoomerang
9

L'Histoire d'Atreyu, de Bastien et du lecteur

Au moment où j'écris la critique de ce roman, je tiens à dire que je l'ai lu en un week-end tellement je le trouvais passionnant.Certes, j'ai déjà lu un livre en entier en un soir mais il était moins...

le 3 mars 2024

12 j'aime

126