Bien que délaissé à les fins des années 60 aux Etats-Unis, le western reste un genre légendaire auquel de nombreux réalisateurs se sont à nouveaux frottés durant les nineties (Impitoyable du vieux Clint, Wyatt Earp de Kevin Costner ou encore Maverick de Richard Donner).
Suivant cette mouvance, Sam Raimi y plonge à son tour en 1995 avec Mort ou Vif.
C'est tout d'abord au niveau du scénario que le bat blesse, ce dernier étant d'une linéarité et d'une facilité assez embarrassante. Tout est prévisible dès les premières minutes, les enjeux minimalistes et les zones d'ombre à peine esquisser.
Le film a également la mauvaise idée de mélanger sérieux et humour débridé/cartoonesque. Période bâtarde entre les premiers délires du réalisateur et une suite de carrière plus "posée". On ne sait alors pas vraiment sur quel pied danser et comment entrer définitivement dans cet univers, comme laissés sur le pas de la porte. Car comment, après une scène délirante, réussir à plonger au cœur du récit et de ses relations humaines de surface ? Certains dialogues et confrontations sont à la limite du ridicule, non pas à cause du contenu, mais du décalage créé par la scène précédente.
Heureusement pour nous Sam Raimi relève le niveau de ce western, qui dans les mains d'un réalisateur plus lambda aurait été vite filmé, vite oublié.
En effet, son style, même si il aurait mérité d'être encore plus exploité, vient dépoussiérer les codes du western. Les mouvements de caméras sont toujours aussi fous, les zooms légions et le rythme lors des scènes d'action fait mouche. On retiendra ce duel final, où avant que les coups de feu ne se fassent entendre Raimi enchaîne une dizaine de travellings compensés, déstructurant l'espace et le temps, plongeant le spectateur dans un tourbillon de sensations avant l'explosion finale.
Une maîtrise technique qui fait oublier les carences scénaristiques. Ajoutée à une galerie de tronches désormais mondialement connues (Sharon Stone qui joue ici très mal, Gene Hackman en vieux briscard, Russell Crowe à la recherche de pardon et Di Caprio à un âge où ses revolvers parlaient pour sa libido), une musique dans la plus pure tradition Morriconienne et une photo plutôt léchée, vous obtenez un divertissement sympathique à défaut d'être inoubliable.