Et badaboum ! L'humanité s'est une fois de plus autodétruite d'elle-même en s'envoyant tout plein de bombes quantiques sur le recoin de la tête... et en à peine 60 minutes ! Des centaines d'années plus tard, les survivants se balladent en gigantesques villes-tanks et s'amusent au jeu du "c'est qui qui aura la plus grosse ?" en gobant les populations en nombre inférieure. Dans cette guerre perpétuelle, c'est clairement Londres qui mène la danse et "Mortal Engines" s'ouvre d'ailleurs avec la capture d'une petite bourgade allemande par la capitale roulante. Problème, parmi ces nouveaux prisonniers, se cache Hesther Shaw, une jeune fille défigurée qui a une méchante dent contre un des dirigeants des lieux, Thaddeus Valentine. Après avoir tenté de l'assassiner, elle parvient à s'échapper en compagnie de Tom, un historien anglais venant tout juste de découvrir les veritables intentions de Thaddeus...


Une guerre futuriste de villes roulantes... Forcément, dans le genre postulat dur à avaler, celui de "Mortel Engines" peut sembler placer la barre très haute. Heureusement, après une courte séquence explicative en voix-off (et quelle voix !) sur la guerre ayant condamné l'humanité, le film a la bonne idée de nous immerger directement dans un des affrontements qui gouvernent désormais cette nouvelle ère de notre monde. Et autant dire qu'on en prend plein la vue ! Aussi bien pour rendre crédible le fonctionnement de ces cités ambulantes que pour nous présenter rapidement les enjeux belliqueux à venir, "Mortal Engines" déboule avec une phase introductive très réussie et prometteuse d'un univers esthétiquement riche, fouillé et renforcé par une 3D qui joue pour une fois son rôle de plus-value sur les échelles et la profondeur données à ces combats au gigantisme démesuré. Une donne qui ne faillira jamais tant "Mortal Engines" va offrir un lot de péripéties impressionnantes et variées jusqu'à son terme.
C'est d'ailleurs là un des gros points forts du film de Christian Rivers : contourner une bonne partie des défauts habituels des adaptations de la littérature young adult qui se contentent la plupart du temps de poser platement les bases d'affrontements à venir lors de leur premier épisode. Ici, rien de tout cela, même si la saga littéraire de Philip Reeve comprend évidemment plusieurs tomes, cette transposition sur grand écran se vit comme un vrai long-métrage en tant que tel, comprenez un début et une fin au lieu de ces espèces de pilotes de séries TV auxquels ce genre de film adolescent nous a habitué. Surtout, sa générosité de scènes d'action très réussies visuellement et un univers aux proportions impressionnantes (comprenant, en plus des villes-tanks, des morts-vivants, des cités sédentaires, des objets volants assez dingues, des reliques improbables de notre monde, etc) placent "Mortal Engines" à un tout autre niveau de pas mal de ses confrères en termes d'imagination et de richesse. Bref, on ne s'était pas autant éclaté sur ce plan devant une adaptation de ce type depuis un bon moment et on ne peut que remercier le trio Christian Rivers/Peter Jackson/Fran Walsh d'en être les initiateurs !


Hélas, "Mortal Engines" se montre bien moins convaincant du côté de son intrigue et de ses personnages en retombant dans les travers inhérents à ce sous-genre teen-dystopique. En effet, sa volonté de dévoiler l'étendue de son monde à l'écran tout autant que celle d'offrir une histoire dans son intégralité et non sur plusieurs volets laissent finalement très peu de place à de vrais développements scénaristiques qui auraient pu propulser "Mortal Engines" dans de bien plus hautes sphères cinématographiques. Dépouillé de tout son attirail SF, le long-métrage ne propose pas grand chose d'original sur le fond en se contentant d'une simple variante autour de poncifs bien trop connus. Un couple de héros que tout oppose mais amené à se faire de sérieuses oeillades amoureuses, des dirigeants adultes poursuivant forcément un dessein maléfique sous leurs sourires (ici, un t.très méchant Hugo Weaving dont le but est de simplement tout exploser pour dominer), un camp insoupçonné d'alliés rebelles qui passaient pour des malfaiteurs, des enjeux familiaux tragiques racontés sous forme de confessions/flashbacks... Tout ou presque y passe et, surtout, donne l'impression d'être parfois survolé tant le rythme effréné du film n'offre que peu de temps morts explicatifs (rien n'est quasiment dit sur les origines des gens ressuscités et la cité sédentaire se résume pratiquement à son seul chef/moine et des figurants). Les personnages principaux ou secondaires (mention spéciale à l'excellente Jihae incarnée par Anna Fang) en imposent suffisamment par la solidité de leurs stéréotypes mais, sans cesse pris au coeur d'un enchaînement de péripéties, il devient assez vite impossible de trouver la moindre place pour que l'on s'investisse émotionnellement pour eux. Cela est d'autant plus dommage que lorsque le film réussit à y parvenir, cela fonctionne vraiment, en témoigne le sort touchant de Shrike (Stephen Lang), dirigé par le désespoir de sa solitude. Pour le reste, "Mortal Engines" ne parvient jamais à trouver des enjeux à la hauteur de son univers réellement attractif.


Cependant, ne boudons pas notre plaisir, "Mortal Engines" est une adaptation d'un roman young adult d'une réussite visuelle indéniable et jamais avarde en action. Vu les derniers ersatz sans saveur que l'on s'est mangé dans ce sous-genre récemment, autant dire que cette production de Peter Jackson vaut le détour ! Et, tant pis, si, sur le fond, le film ne révolutionne rien car, à l'écran, c'est un grand spectacle permanent.

RedArrow
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le 12 déc. 2018

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RedArrow

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