Comment juger durement un film qui a l’air de tant vouloir nous parler?
Mortal engines est mal aimé, gageons que s’il a la chance de pouvoir bénéficier de quelques diffusions télé à des horaires acceptables, il finira par trouver un public plus conciliant, plus prompt à se laisser happer.
Parce qu’il y a de quoi voyager dans ce film, et on aimerait pouvoir se laisser complètement emporter, on aimerait pouvoir monter à bord et vivre l’action en oubliant qu’on aurait bien une ou deux remarques en réserve.
Mortal engines démarre fort, avec un concept étonnant et diablement efficace de villes qui pour une obscure raison se sont mises à bouger, et qui pour bouger doivent sans cesse récupérer plus de carburant pour alimenter leurs moteurs.
La découverte de ce nouveau mode de vie, l’esthétique steampunk des villes véhicules, la façon dont notre technologie est devenue le fruit de recherches archéologiques, tout ça fourmille d’idées et on a envie d’en savoir plus, on veut rester, explorer ce monde qui a l’air d’avoir tant à nous offrir.
On jubile dans le premier segment du film, on oublie toutes les histoire prémâchées pour ados qu’on nous sort depuis des années, on a enfin un univers à explorer, on en a pour son argent, même si on a parfois l’impression que le film en a un peu manqué, ça lui donne peut être un surplus de patine, un air bancal raccord avec les assemblages dont sont issues les villes mouvantes.
Évidemment on ne peut pas parler de sans-faute, et très vite on se rend compte que les personnages ne vont pas être à la hauteur du bel écrin dans lequel on les fait évoluer: dialogues pas toujours pertinents, personnalités un peu trop monochromes, on sent vite les limites du long métrage.
Pourtant il reste une constante: la volonté de créer un voyage total: on change de moyen de transport, on passe sous terre, dans une ville mal famée, dans les airs, derrière une muraille….
Le spectateur a peu l’occasion de s’ennuyer, et s’il perd le fil c’est juste qu’il aura commencé à scruter un peu trop les décors.
Heureusement (ou malheureusement), il n’y a rien de compliqué à comprendre, et savoir qu’il faut stopper le méchant pas très sympa n’est pas la meilleure trouvaille de mortal engine.
Par contre ce qui peut être surprenant, et donner des envies d’encore, c’est qu’on n’hésite pas à casser du décor, à créer des brèches qui peuvent laisser de belles perspectives pour d’éventuelles suites (qui sans doute ne verront pas le jour).
On ressort de là satisfait de ce voyage inattendu, réjouis aussi que le film n’aille pas au bout de chaque pan d’histoire, semble en garder un peu sous la pédale, préfère de jolis plans sous entendant une romance que n’importe quel film calibré aurait davantage mise en avant, bref on aime pouvoir sentir un semblant d’air renouvelé dans l’univers d’habitude bien régulé des teen movies post apocalyptiques.
Certes rien n’est parfait, et il manque aux acteurs le soupçon de charisme qui aurait donné envie de les suivre encore davantage, mais ça reste une belle proposition, avec des éléments pour nourrir notre imaginaire, et parfois on n’en demande pas plus.