Noé 2 : les humains ne valaient pas le coup d'être sauvés.

Ce qui m'agace chez Monsieur Arronofsky dans Noé comme ici, c'est que si dans son propos certaines réflexions peuvent m'intéresser, j'ai aussi l'impression, assez gênante il faut le reconnaitre, de le voir découvrir puis s'amuser avec son robinet.


(SPOILERS SUR LE RESTE DE LA CRITIQUE)


Le propos s'entend. Qu'est-ce que la création, n'est-elle pas un éternel recommencement, n'est-elle pas nécessairement issue de la destruction? Qu'est-ce que l'intimité, la propriété privée? La société est-elle un prérequis à l'épanouissement? Peut-on juger responsable d'élever un enfant dans un monde cruel, violent, irrationnel, et sectaire?


La symbolique (toujours présente chez Arronofsky) est également intéressante, quand bien même elle est déjà vue. La maison comme un utérus, dans lequel tout étranger est un envahisseur, le sang comme symbole de maternité, de féminité, l'écriture comme enfantement ( Bardem est tout aussi Mother que Lawrence, il a juste plus d'enfants un peu chelous).... Cette maison-utérus serait comme le nid dans lequel Lawrence couve Bardem afin qu'il expulse son roman. Par conséquent, tout étranger est un violeur ou une violeuse, et comme tout étranger y est ramené par Bardem, il s'agit d'un viol collectif sous les yeux consentants de monsieur que ça excite.


Mais la forme! La forme ne m'a pas, mais alors pas du tout convaincue.


La première partie, qui comme dirait ma moitié pourrait être un sous "Harry, un ami qui vous veut du bien". Seulement elle est longue, peu rythmée, et centrée (comme tout le film) sur Lawrence, ce qui pourrait provoquer une sensation d'étouffement, nous aider à nous mettre dans sa peau. Hors là, la caméra me paraît trop serrée sur elle, et comme dans toute cette partie ce qu'on lui donne à jouer c'est "Mais pourquoi diantre ces gens se permettent-ils d'investir ma maison sans que mon idole d'époux ne daignent concevoir ma détresse? Je vais fermer ma gueule et faire la moue du coup", ben je m'ennuie un peu. Un fratricide (coucou Caïn et Abel) plus tard, Jennifer finit par lever la voix sur son pè... son homme qui n'attendait visiblement que ça pour redresser la barre, si vous voyez ce que je veux dire (ben oui, c'est bien connu, quand on est écrivain on ne se contente pas d'amour tendre et complice). Et comme l'écrivain en rut n'a besoin de la lever qu'une fois pour tomber pile sur la période d'ovulation de sa douce (c'est le cas de le dire), Madame se retrouve engrossée, et par là même Monsieur (se retrouve engrossé. D'une histoire. Faut suivre un peu.).


Tout ça tient dans les trois quarts du (très) long métrage. Le dernier quart est un concentré que je qualifierais d'imbuvable, entre scènes d'adorations, de folie collective, de religiosité sectaire, de guerre, de traite des blanches, pour finir dans une explosion de violence, de cannibalisme, de (presque) viol, de sacrifice, avant un retour à la case départ, après que Bardem ait mis les mains dans le cambouis.


Il y a dans cette partie, tellement de choses que je n'ai plus rien vu. La caméra me donne le tourni voire la nausée. Le son est plutôt bien exploité mais l'aurait été mieux dans plus de silence. Les scènes collectives sont ridicules. Au delà de quatre personnages à l'écran, de toute façon, j'ai trouvé le film ridicule.


En résumé, si je ne suis pas sortie de ce film aussi traumatisée que mon cow-boy, j'ai préféré la bande-annonce.

EIA
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le 16 sept. 2017

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