Mother!, c’est la célébration de plusieurs formes de vie. Celle d’un enfant, attendu par une jeune femme (Jennifer Lawrence). Celle d’une célébrité, l’écrivain (Javier Bardem), son mari, plus vieux qu’elle, étant élevé au rang d’idole. Celle d’une maison, matérialisée par la présence d’un cœur dans ses murs. Celle d’un vieil homme malade, qui veut à tout prix rencontrer la vedette avant de mourir (Fred Harris). Celle de l’amour également, qui ouvre et clos le film.
Mother!, c’est aussi la fatalité de la mort. Elle arrive, prévisible, attendue, sous plusieurs formes. Les flammes, le succès, la folie, l’espoir, la paranoïa. Elle hante le film. Darren Aronofsky a fait de son écrivain à succès un mélange entre un Sisyphe, un Narcisse et un Tantale. Le génie créateur devient castrateur et meurtrier. Et pourtant, malgré cette violence inhérente à l’écrivain – anonyme, à l’instar de sa femme – il est caractérisé par une forte faiblesse de caractère. Il prône le partage et l’hospitalité – mais c’est son égocentrisme qui le perd.
Darren Aronofsky privilégie les plans longs, proches des visages – efficace pour rendre le thriller anxiogène. L’atmosphère en devient oppressante. Les événements s’enchaînent sans que personne ne puisse les arrêter. Le drame se joue dans cette maison étrange, rebâtie intégralement après avoir été dévorée par le feu. Une habitation vivante, comme celle de L’Écume des jours de Boris Vian, mais plus malsaine. Le sang reste comme une tâche indélébile – il était la preuve de la culpabilité de Lady Macbeth, chez Shakespeare, il devient celle de ce couple. Et la réalité se confond avec l’imaginé.
Les thèmes s’emmêlent et s’entrelacent, beaucoup sont évoqués sans être approfondis. C’est cette multitude de références - historiques, mythologiques, artistiques - qui dessert le film. Darren Aronofsky s’est regardé écrire son scénario autant que son écrivain s’écoute parler. Le film est soumis à de multiples interprétations ; mais le réalisateur ne guide sur aucune voie en particulier. La richesse potentielle de ce thriller n’est pas suffisamment exploitée – ou trop mal, et sans direction précise.