Je n'ai pas aimé, je n'ai pas détesté, je n'ai pas adoré. Je suis donc divisé face à ce Mother ! signé Darren Aronofsky. Si Noé est indéniablement à part dans son oeuvre, Black Swan était un film coup de poing intense, déstabilisant et juste, ce dernier est même dans mon Top 10 des Meilleurs films de tous les temps, c'est dire si il compte pour moi. Forcément quand on se retrouve face à quelque chose comme Mother !, c'est compliqué d'être clair, mais je vais essayer.
J'aime : la mise en scène, l'esthétique, l'ambiance générale et la métaphore du couple, de Dieu, de la maternité, de la création et de l'inspiration, les performances du casting.
Je n'aime pas : le trop plein de la mise en scène, de l'ambiance générale, des métaphores.
Voilà pour faire simple. Maintenant si je devais aller en profondeur je dirais que le film en lui même possède bon nombres de qualités indéniables. Le traitement qu'il fait des divers sujets qu'il aborde est assez juste. On ressent parfaitement les émotions souhaitées par le scénario. Mother ! nous remue et venant de la part d'un gars comme Aronofsky, heureusement. Mais Mother ! nous remue peut-être trop en fin de compte. Tout va très loin, Aronofsky dans sa démesure artistique se permet tout, certains y verront sans doute l'éclair de génie qui parcourent l'oeuvre, et ils ont raisons, mais le réalisateur prend aussi le risque de laisser de côté toute une partie de son public, même les fans.
Mais il est difficile en revanche malgré les extrêmes dans lesquels le film aime plonger, de ne pas saluer les prestations de Jennifer Lawrence et Javier Bardem. Tous deux sont habités par des rôles particuliers et surprenants. Elle, est gracieuse, légère et incandescente. Lui, est ambigu, plus sombre. Tous deux forment un duo auquel on pourrait s'identifier sans en avoir pourtant l'envie tant les évènements qui les concerne sont déroutants. A nouveau à travers ces deux personnages, Aronofsky explore, plus en profondeur encore, une thématique qui lui est cher, peut-être même celle qui parcoure toute son oeuvre : l'obsession. Une obsession du bonheur, de l'idéal, de la création et de la perfection même. Le réalisateur s'amuse à déstructurer tout ce qui fait qu'une vie est ce qu'elle est.
C'est notamment parce qu'il met à mal tous nos repères que le film nous bouscule. Imaginez que des inconnus s'introduisent chez vous et que la personne en qui vous avez le plus confiance au monde ne trouve rien à y redire. Quel drôle de sensation, quel mal-être cela peut-il engendrer. En cela la première partie du long-métrage est assurément la plus réussie. C'est après que les choses se gâtent. Alors que le film arrivait presque à un climax fort et puissant au bout d'une heure, la seconde partie, elle aussi longue d'une heure, sombre dans l'énorme, l'abject. Mother ! devient à partir de là un film fou, une oeuvre démentielle à laquelle on adhère ou pas. Malheureusement pour moi je fais partie de ceux que ça déroute trop pour y trouver une once d'intérêt. Aronofsky détruit tout sur son passage, délaissant l'esthétique au profit du glauque. Ce n'est pas la violence qui gêne, ce n'est pas non plus ce qu'elle exprime et raconte, mais plutôt sa finalité. Car Mother ! est au final assez vain, même cela me fait mal de le reconnaître. Hormis la dernière séquence qui permet d'y voir une sorte de conclusion et de morale, le cheminement jusqu'ici demeure boursoufflé et lourd.
Ainsi donc Mother ! de Darren Aronofsky ne laisse pas indifférent, on aime, on déteste, on adore. Moi je n'aime pas, mais j'y vois malgré tout une certaine forme d'art. Cette chose que l'on apprécie tous différemment. Mother ! c'est cela, de l'art.