Resistance maternelle

La mère dansant au milieu du champ, ou rejoignant seule et discrète son véreux (et ivre) avocat en bout de table; un arbre solitaire, proche d'un vieille atelier seul au milieu de la foret : il y'a dans Mother de Bong Joon-ho une prédominance pour le symbole de la solitude. Une solitude qui vient à coup sûr se métamorphoser en une résistance, à l'image de cette mère (Kim Hye-ja) se battant corp et âme pour prouver l'innocence de son fils (Won Bin). Mother perpétue bien tout le génie du cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho : en réinventant presque toujours un genre, chacun de ses films témoigne de quelque-chose. Comme une suite spirituelle à Memories of Murder, Mother narre une solitude et une misère d'un monde rural si discret et énigmatique, qu'il en deviendrait presque imperceptible. Mother témoigne de cet aveuglement (et parfois de cette pauvreté) dans la recherche, tant l'intérieur de chaque individu est remplie de rancœur, de mystère et de secrets. On pourrait presque ramener Mother au prisme du film de vengeance. Mais ce film raconte surtout une tentative de résister, seule face à l'injustice et à la modernité. Une seule chose ne se démoderait pas : celle d'une prédiction maternelle, quasi-mystique, qui vient autant préméditer le petit accident de l'introduction que l'innocence assurée d'un fils qu'il faut à tout prix protégée.