Le prétentieux « The Foutain » avait montré que Darren Aronofsky est capable de commettre le pire, de manière inversement proportionnelle à son ambition. « mother ! » c’est l’histoire de la mère nourricière (Jennifer Lawrence) qui retape le monde (la maison) à la suite de la crémation générale allumée par la précédente mère. Dieu crée, parfois avec difficulté, les résultats ne s’obtenant que par le sacrifice. Adam et Eve (Ed Harris et Michelle Pfeiffer) les rejoignent, mais le péché originel (la fracture du diamant) devrait les chasser de ce paradis terrestre. Après une relation charnelle, Eve couvre sa nudité par un soutien gorge au motif feuillu. Surviennent leurs enfants et Abel, comme attendu, se fait trucider par le frère jaloux. La mère, enceinte de Dieu, par l’opération du Saint Esprit, donne naissance à un divin fils dont la chair servira de nourriture à l’humanité (la cène à l’envers quoi !). Le feu purifiera tout ça et du cœur calciné de la mère pyromane, un nouveau diamant voit le jour, à la grande joie du créateur. Une nouvelle compagne créée de la poussière, commence ainsi un nouveau cycle. Dans la première partie l’héroïne par le truchement de l’enfermement obsessionnel entre dans une dérive psychologique angoissante, générée par l’exigence artistique. Tenu par la géniale et sublime Jennifer Lawrence, l’ensemble assez convaincant rappelle à la fois l’angoisse suggérée du « Répulsions » de Polansky et du « Shining » de Kubrik. La suite, bien loin du « Rosemary’s Baby » du même Polansky (une des affiches de « mother ! » le suggére), dérape dans un fantastique allégorique et gore. Mélangeant les genres avec une grâce pachydermique, Aronofsky livre une boursouflure pitoyable que le couple principal n’arrive même plus à sauver, le tout plongeant dans une allégorie douteuse sur l’exigence quant aux sacrifices que requiert la création. Totalement dépassé par son ambition qui se veut aussi métaphysique que le « 2001, a Space Odissey » de Kubrik, le réalisateur se vautre dans la plus basse prostitution, n’hésitant pas à faire dévorer un nouveau né par une secte d’abrutis (8 milliards sur Terre selon le réalisateur) et de dénuder la poitrine de la belle Jennifer (exhibition gratuite au regard du déroulé de la scène). Si dans la panoplie du « petit Stanley Kubrik auteur et cinéaste », le Père Noël a bien livré l’ambition il a omis deux ingrédients essentiels : l’intelligence et la maîtrise. Néanmoins, ce résultat prétencelard est souvent sauvé du ridicule grâce à la performance superlative de Jennifer Lawrence.