La mère de Corée

Cinéaste habitué au mélange des genres, Bong Hoon-Jo ("Memories of Murder", "The Host") récidive avec "Mother", son quatrième long-métrage, qui mêle habilement le drame, le polar et la comédie noire.

"Mother" comprend d'ailleurs des similitudes avec "Memories of Murder", précédent film du réalisateur coréen : le héros est à chaque fois un simple d'esprit, accusé de meurtre semble-t-il à tort, et la police locale constituée d'incapables se contente de ce suspect idéal.

Bong Hoon-Jo en profite pour ridiculiser les différentes institutions coréennes, par des séquences absurdes durant lesquelles le film prend des airs de comédie burlesque, dans une confusion des genres très inhabituelle pour nous autres occidentaux, mais rendu possible par une mise en scène au cordeau, permettant de jongler adroitement entre ces registres.

Bong n'est pas tendre non plus avec ses personnages, qui se débattent comme ils peuvent, et non sans bassesse, dans cette société inégalitaire et viciée.

Ainsi, la figure maternelle emblématique (incarnée par la célèbre comédienne Kim Hye-Ja) est elle-même égratignée : les valeurs d'amour inconditionnel et de protection, habituellement célébrées, sont ici questionnées avec pertinence, voire dénoncées.

Le scénario s'apparente à une mécanique de précision, illustrant la démonstration implacable du cinéaste coréen.
A noter que le comédien Won Bin est impressionnant de justesse dans le rôle du fils attardé et surprotégé.

Toutefois, ces louanges sont hélas à relativiser, en raison du défaut majeur de "Mother" : la mise en scène contemplative engendre quelques longueurs, de sorte qu'un certain ennui pointe parfois au cours de ces deux heures.