Sauvons la bête ! (attention possible gâchage)

Bong Joon-Ho est un réalisateur qui a décidément un souci à régler à sa maman (cf ma critique de The Host). En effet, après avoir métaphoriquement tué la mère dans son film de monstre, il dépeint la vie d'un monstre malgré elle dans le récit d'une mère.

Comme constaté dans pas mal de films coréens, l'entrée en matière est légère pour ensuite virer au noir. L'humour coréen est en effet totalement différent du nôtre et parvient à traverser un film entier à la base extrêmement dur ou violent.
Dans Mother, cette légèreté qui ouvre le film permet juste d'embrouiller le spectateur pour le mener par le bout du nez. Bong Joon-Ho nous présente deux personnages qui prêtent à rire : un fils demeuré, innocent et sa mère, surprotectrice et agaçante.
Accusé d'un meurtre que visiblement il n'a pas commis, le jeune homme se retrouve en prison, et sa mère, acharnée, va tout faire pour l'en sortir en menant elle-même l'enquête.

Cette partie du film est remarquable, Bong Joon-Ho ayant déjà démontré qu'il était très à l'aise dans le registre du polar (Memories of Murder). La mère (qui, il me semble, n'est pas nommée) redouble d'effort et de ruse pour prouver l'innocence de son fils. Sa détermination est le point central du film, si bien que le spectateur entre dans son jeu, immédiatement convaincu du bien-fondé de son entreprise.
Elle représente la maternité dans toute sa splendeur : aveuglement, culpabilité et déni de soi. Oui je sais j'ai une vision relativement pessimiste de la maternité, je l'admets. Mais là ce n'est pas moi qui le dis, c'est le réalisateur.

Malgré mon avertissement de gâchage dans mon titre, je vais éviter de dérouler toute l'histoire dans ma critique mais j'ajouterai juste qu'encore une fois Bong Joon-Ho a frappé juste par une réalisation maîtrisée, un scénario habile et des interprètes excellents (d'un autre côté je me demande si je pourrais me rendre compte qu'un coréen joue mal).
Mother ne prend pas aux tripes, il ne coupe pas le souffle, il laisse juste songeur et nous renvoie, avec un sourire en coin, à la sacro-sainte image de la parentalité qu'on nous fait bouffer à longueur de temps.

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le 12 mars 2012

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Before-Sunrise

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