Bien, bien bien.


Bond, mon cher Bond, j’ai vu ton dernier film et il y a du bon comme du moins bon. Alors, je ne veux pas me faire l’avocat du diable ou faire preuve de trop de bonté angélique mais de mon point de vue ce n’est pas un mauvais James Bond, la palme du pire de la période Craig restant pour moi Quantum of Solace avec son montage illisible et fatiguant constamment, son histoire volontairement trop complexe, son titre qui ne veut rien dire (on me signale au fond que des internautes transis de Mathieu Amalric et Marc Forster ont trouvé le sens depuis, ah)… Certes, sans spoiler, je vois clairement ce qui fait grincer des dents les fans de Bond mais à vrai dire l’entreprise de déconstruction Bondienne depuis « Skyfall » (2012) m’y avais d’une certaine manière préparé. Ah ben oui là on déboulonne encore plus le mythe. Après les origines et la question filiales au sein du film de Sam Mendes, là on aborde… Ah chut je spoile pas.


Bon, en fait je voyais gros comme une maison où le film voulait en venir dès les premières minutes : la fin en grandes pompes de l’ère Craig, enfin, du commander Bond étant donné que le film multiplie les hommages et clins d’yeux d’un bout à l’autre au point de devenir au final une synthèse ou un best-of de James Bond.


Bref, réutilisation du thème « We have all the time in the world » en version instrumentale au début et dans sa version chantée par Louis Armstrong à la fin (thème initialement dans le générique de « Au service secret de sa majesté », l’unique James Bond où il a l’opportunité de se ranger et fonder une famille avant que son épouse se fasse faucher mortellement dans les dernières minutes… J’avais senti venir la référence méta oui oui), ressortie de la mythique Aston Martin que l’on voyait déjà dans Skyfall (au passage, portrait visible en fond de l’ancienne « M », Judi Dench, dans les bureaux du MI6 si on regarde bien !) sans oublier je crois une Alfa Romeo avec laquelle Bond se rend aux services secrets et qu’on avait déjà vu dans la période Roger Moore non ? Hop, on rattache les wagons à Spectre à travers le passé de Marianne (entre nous, il était temps que ça se termine toutes ces histoires de passé qui ressurgit par contre parce que là c’est la facilité scénaristique) mais aussi…


Blofeld. Qui en fait ne sert strictement à rien, misère. On nous ressort à nouveau Vesper des tiroirs et donc Casino Royale (Je croyais pas du tout à cette séquence : depuis quand le premier vrai amour de Bond a été enterré en Grèce près de l’acropole ? Rien n’a jamais été dit dans les autres épisodes à ce sujet, ça sort un peu du chapeau comme ça, un peu comme tout le film tiens)… Bon il doit y avoir d’autres références encore mais ça fait déjà pas mal. Sinon Rémi Malek en méchant est aussi inexpressif qu’une courge à laquelle on aurait mis de gros yeux de pâte à modeler énormes et constamment entrouverts, un peu comme dans les Wallace et Gromit.


Billie Eilish en thème musical d’ouverture ?
Punaise, c’est mou et fadasse. Celui de Adele en comparaison pour Skyfall était langoureux, vénéneux, traversé d’une vraie âme. Sans oublier le « Another way to die » de Jack White et Alicia Keys pour Quantum of Solace, une des rares choses que je sauve de ce film, fabuleux et incisif (la musique, pas le film). Réécoutez-le, si, si.


Bah, après il y a eu des choses qui m’ont bien plu ce qui fait que j’ai passé du coup un moment bien. Pas un grand film mais assez regardable notez bien. La photographie du film signée Linus Sandgren, déjà est très belle. Lumineuse et enchanteresse lors des couchers de soleils ou des multiples effets de lumière, un vrai régal pour les pupilles. Surtout que le plan final avec la voiture qui s’enfonce dans le tunnel et le bout du tunnel dans le fond qui devient la seule lumière fait écho en métaphore avec la mythique séquence d’ouverture au barillet de Bond en quelque sorte, et ça c’est une belle idée. Craig assure toujours autant le service et garde des répliques qui font toujours aussi mouche. Et puis belle surprise de le voir retrouver Ana de Armas (toute la séquence à Cuba) qui joue ici une apprentie espionne. Déjà que leur duo marchait bien dans le très chouette « A couteaux tirés » (Rian Johnson – 2019), ici on voit que les deux comédiens se sont bien marrés en se retrouvant dans ce film, ça, ça fait vraiment plaisir.


Bon, on retrouve Félix Leiter qu’on voyait dans Casino Royale et Quantum, à nouveau c’est pour les clins d’oeils mais ça m’a pas gêné. Une manière de plus de finir l’ère Craig, je m’y attendais, passons. Rien à dire sur le nouveau matricule 007, attendons de voir si elle va faire ses preuves dans un prochain film ou si la polémique va la retirer d’office en mode rétropédalage mais ici le duo qu’elle forme avec James en mode « je t’aime moi non plus » est pas dégueu non plus. Cela reprend les codes du buddy movie, oui c’est du déjà vu certes, et alors ? Ah oui si la musique de la séquence d’ouverture des toujours aussi chouettes génériques de Bond est molle, en revanche visuellement, c’est beau. J’aime beaucoup l’idée des tirs de revolvers qui se rejoignent pour former une boucle d’ADN même si l’idée n’est pas neuve et a déjà été utilisée… dans l’animation japonaise (pas avec des flingues mais avec des bouts de débris dans AKIRA qui reprennent cette idée de structure en hélice).


Brèche d'idée visuelle qui, malheureusement sur le plan scénaristique dévoile déjà un peu l’idée générale du film avec cette arme virale par nanomachines qui remplace en quelques sortes les armes bactériologiques actuelle. Bon je sais qu’il faut que Bond vive de son temps mais pour moi par contre c’est une fausse bonne idée qui s’en trouve mal exploitée (déjà il est impossible de modifier l’ADN. Im-po-ssi-ble. Pas avec les technologies actuelles. A l’époque de Dune près de 10000 ans plus tard c’est un peu plus envisageable mais c’est une autre histoire). Parce qu’en bon fan de science-fiction justement les nanomachines ne sont pas non plus un truc neuf. Je digresse, mais il y en avait une excellente utilisation dans un épisode de la série couleur de Au-delà du réel l’aventure continue (l’un des meilleurs épisodes justement), saison 1, épisode 15, « La nouvelle génération » (1995 quand même) ainsi que dans le film d’animation de la série Cowboy Bebop, « Knockin’ on Heaven’s door ». Dans les deux cas, on évoque des possibilités pour éliminer les micro-machines du corps. Ici dans le Bond on nous dit qu’on peut pas. Cela sentait pleinement l’astuce scénaristique pour virer Bond à la fin…


Bandoulière en parenthèse (ou vice-versa) et là sorry je vais m’autoriser un peu de spoil mais d’ailleurs je regrette que dans les sagas actuelles on se sente obligé de virer les anciens acteurs pour le passage de relais aux nouveaux, que ce soit dans James Bond ou les nouveaux star wars (surtout qu’ici dans la nouvelle trilogie les nouveaux persos n’ont aucune personnalité, quelle misère…). Une retraite à l’écart pour enfin profiter de la vie et de ses vieux jours comme Bond ou se morfondre en ermite comme Luke Skywalker, mais non, bordel, on vient vous chercher et évidemment pour un dernier film où vous n’en sortirez pas forcément vivant.


Brin de spoiler mis à part que votre cerveau aura judicieusement zappé, voilà du bon comme du moins bon pour moi. J’ajouterais que habituellement Léa Seydoux m’énerve profondément par son jeu d’acteur composé d’un minimum de figures mais là je l’ai trouvé touchante. C’est la seconde fois, enfin la première vu que j’ai vu ce film avant The French Dispatch mais que j’ai chroniqué ce dernier en premier. J’ai dû prendre froid, c’est vrai que la température commence à baisser pas mal par ici. :D

Nio_Lynes
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le 2 nov. 2021

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Nio_Lynes

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