Il s'agit du second long-métrage de la comédienne Amy Poehler, connue pour ses rôles décalés et humoristiques. Avec Moxie, elle s'essaye au teen-movie, genre très souvent figé dans ses stéréotypes, en adaptant le roman éponyme de Jennifer Mathieu. On y suit le quotidien d'une lycéenne apparement introvertie, qui se rebelle progressivement contre le système après avoir découvert que sa mère était membre d'un mouvement militant pour l'égalité des sexes. La jeune femme décide donc de créer une revue féministe engagée pour lutter contre le sexisme dont elle et ses amies sont victimes. S'il y a une chose qu'il faut reconnaitre, c'est que Moxie témoigne d'un vrai raz-le-bol, et même si on reste cantonné au microcosme d'un établissement scolaire, il agit concrètement face aux sempiternelles injustices liées au machisme et au patriarcat. Il se veut également pertinent pour montrer comment le sexisme s'insère dans notre quotidien au point de passer inaperçu dans une société qui s'est trop longtemps habitué à certains actes. En effet, le film prend le pouls d'une jeune génération qui se lève contre ce qu'elle n'est plus en mesure d'accepter ou de subir, en se réappropriant les combats des générations précédentes. Outre le féminisme, d'autres débats sont abordés par petites touches comme le mouvement "Black Lives Matter", la question de l'immigration, de l'identité sexuelle ou le concept d'appropriation culturelle. Bien que les messages soient un peu trop explicites, Moxie veille à apporter une variété de points de vue : la mère (Amy Poehler) a lutté dans sa jeunesse mais a désormais laissé ses illusions au placard, la proviseure (Marcia Gay Harden) semble fermer les yeux face aux situations de harcèlement, la meilleure amie qui ne participe pas à la lutte, le jeune homme féministe et ouvert d'esprit... Bien sûr, la réalisatrice y infuse une dose d'humour indispensable, le tout rythmé par une bande-son pop et punk ! Mais tout ça n'évite pas un ton lisse car Moxie véhicule des idées qui mettent (presque) tout le monde d'accord et qui ne fâchent pas. C'est plus une initiation aux symboles du féminisme qu'une révolution, qu'elle soit idéologique ou cinématographique. Vaguement mielleuse et utopiste, cette libération de la parole se tient avant tout pour son récit de transmission entre une mère et sa fille.