
Le monde a changé. Je le vois dans l’eau, je le ressens dans la terre, je le sens dans l’air. Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu, car aucun de ceux qui vivent aujourd’hui ne s’en souviennent.
Tout commença lorsque les remakes de grands films Disney furent sortis. Sept furent donnés en pâture aux spectateurs lambda, immortels, les plus crédules et les moins respectables de tous les êtres. Sept, sept films furent produits par Disney qui par-dessus tout désirait le pouvoir, car à travers ces remakes furent transmises la force et la volonté de gouverner chaque box-office.
Mais les spectateurs furent tous dupés, car un autre remake fut créé. Sur les terres d’Hollywood, Niki Caro, la réalisatrice peu expérimentée en blockbusters forgea elle aussi un autre purin pour gouverner tous les autres. Dans cette infamie de 200 millions de dollars, elle déversa ses pauvres idées, son incompétence et sa volonté de détruire toute mise en scène. Un remake pour les gouverner tous.
L’une après l’autre, les bonnes idées du film tombèrent sous l’emprise de l’incompétence. Mais il en fut certaines qui résistèrent : l’ultime alliance des concepteurs de costumes et du brillant compositeur Harry Gregson-Williams entra en guerre contre les directives de Disney, ils se battirent pour sauver un tant soit peu le long-métrage aux scènes d’action illisibles cadrées avec le fion, au montage aussi mal fagoté que celui de Bohemian Rhapsody, au rythme lancinant, aux personnages secondaires peu attachants en dépit d’un casting doré, aux modifications du scénario bienvenues mais terriblement mal gérées. La victoire était proche, mais le pouvoir de la mode ne pouvait être vaincu…
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Et certaines choses qui auraient dû être oubliées furent perdues. L’histoire deviendra une légende, la légende deviendra un mythe. Pendant longtemps, plus personne n’entendra parler de Mulan, cette purge, ce blockbuster hollywoodien dans ce qui se fait de plus bateau maquillé en une fresque chinoise de mauvais goût. Quand on pense que Ang Lee aurait dû réaliser le projet, on se mord les doigts.