David Lynch: Orfèvre du brouillard

J'avais treize ou quatorze ans à l'époque. Je n'étais qu'un enfant en vacances chez ses grands-parents. Un soir, tard dans la nuit toulousaine, je voguais sur internet lorsque j'ai croisé ces deux femmes.
Hypnotisé par leurs charmes flous et perplexe devant le titre, je décidais de lancer le streaming et de rejoindre mes sirènes.
Deux heures plus tard, j'avais rencontré le cinéma.
Tout d'abord, je tiens à dissuader les rationnels: ce film n'est pas pour vous.
Si vous lancez ce film, personne ne viendra vous tenir la main et vous présenter le héros. Personne ne vous indiquera le périple qu'il s'apprête à entreprendre, encore moins l'objectif qu'il poursuit.
En lançant ce film, vous pénétrez un brouillard à l'arrière d'une voiture conduite par des tueurs.
Une bande de jeunes vous sauve la vie en perdant la leur et vous voilà dans la deuxième strate du brouillard. Vous ne savez pas qui est cette femme. Elle non plus. Parfait. On peut commencer.

Ce film appuie des personnages plus large que la vie sur le fil escarpé d'une trame dont on ne sait pas si elle avance ou recule. On cherche ce qu'on cherche: quelqu'un? quelque chose? quelque part?
On suit les parcours de chacun comme l'homme désœuvré subit sa vie. Chaque scène qui s'ouvre est une nouvelle occasion de décevoir (disappoint/deceive).
Ce joyau de David Lynch regorge de tant de symboles qu'une thèse ne suffirait pas à disséquer. Je me demande même s'il les maîtrise réellement ou s'il s'est efforcé d'ouvrir tous ces chemins de traverse pour nous détourner du vrai propos: personne n'échappe à ce qu'il mérite.
"Time to wake up"