Mustang par Jean-François2

Un film magnifique sur l’adolescence et la condition des femmes en Turquie. Cinq sœurs orphelines sont élevées par leur grand-mère et un oncle. Lors du dernier jour d’école, juste avant les vacances d’été, elles décident de rentrer à pied à la maison et chemin faisant jouent avec des garçons sur la plage. Ces jeux, à priori innocents, vont déclencher un scandale aux conséquences terribles pour les cinq sœurs. Elles vont se retrouver cloitrées tout l’été dans la maison familiale. Refusant cette injustice, souhaitant retrouver leur liberté, elles vont résister et fuguer mais au fur et à mesure la maison va ressembler à une prison inviolable. Chacune va alors trouver un moyen, à sa portée, pour tenter de s’échapper.

Les ressorts dramatiques de ce presque huis clos vont crescendo. Cette fiction découvre l’injustice dans lesquelles les femmes sont obligées de vivre dans une partie de la société turque (un village loin d’Istanbul), soumises au bon vouloir des hommes et cantonnées aux tâches ménagères. La fraicheur et l’innocence des jeunes filles, découvrant l’amour, l’amitié, la sexualité, mais se heurtant à la rudesse des conventions et des règles de la société turque, contribuent au souffle qui est la matrice de ce film.
Les jeunes actrices sont admirables, rebelles à souhait, féminines sans exagérations, la mise en scène apporte une touche poétique indéniable. Sans être didactique, sans être larmoyant, le film fait œuvre de témoignage et de pamphlet contre l’archaïsme de cette société, ouvrant, malgré les drames, des portes vers un futur optimiste et ouvert. Une très grande réussite.