Une espèce de pot-pourri sans le côté péjoratif

Quand j'étais petite il y avait ces dessin-animés chelous qui passaient à la TV. Je savais qu'ils n'étaient pas adressés à un public de mon âge mais je les regardais quand même, un peu dégoutée et fascinée en même temps, et cachée derrière ma gameboy. Parmi eux je comptais La Cour de récré, Martin Mystère, Les Zinzins de l'espace et le summum du glauque qu'était Angela Anaconda.
Je ne savais pas trop comment comprendre ces épisodes. Parfois je riait (jaune), parfois je ne comprenais simplement pas ce qui se passait et le reste du temps j'attendais juste que Détective Conan ou Sherlock Holmes arrivent (et une autre série dont je n'arrive pas à me rappeler le nom que j'adorais: c'était l'histoire d'un garçon qui vivait dans le monde réel et qui pouvait rentrer dans les journaux ou dans la télévision retrouver une amie à lui, elle était toujours en noir et blanc et vêtue de journaux alors que lui était en couleur je crois, j'offre un cookie à celui qui retrouve cette série). Du coup, j'en garde des souvenirs éparses un peu partout dans ma mémoire, qui me font dire instinctivement "j'aimais paaaaaaaas" mais qui me font remarqué que si j'avais regardé ces séries deux ans plus tard j'aurais peut-être pu aimer.


Bref, Mutafukaz ça m'a fait le même effet.


Je connaissais pas beaucoup Ankama, j'ai zieuté quelques épisodes de Dofus il y a bien longtemps, sans y accrochée, et j'avais adoré le comic Remington, mais c'est tout.
Là, je me suis dit : il y a Orelsan, c'est un dessin-animé franco-japonais, c'est passé au festival du Gérardmer et la bande-annonce m’intriguait, comme m'intriguait ces dessin-animés, donc faut que je vois ce truc.


"Ce truc" ça correspond bien au film. C'est une sorte de mélange de milliard de références à Tarantino ou GTA San Andreas mais aussi à Shakespeare et Nietzsche (non je vais pas mettre des liens à chaque fois). A la "pop" culture et à la culture "que-je-vais-nommer-classique-parce-que-j'ai-pas-le-courage-de-chercher-autre-chose". En fait, c'est un bon Ready Player One : qui fait plein de références, que tout le monde ne pourra pas capter, mais c'est pas grave, le film reste bon et captivant quand même.


L'histoire ne casse pas trois pattes à un canard mais elle fait le taff. L'histoire d'un gars orphelin qui cherche ses origines et découvre que OH il n'est pas ordinaire et a un destin hors du commun et blablabla. Ah, et qui élève des cafards aussi, ça c'est cool. Ils sont très cools ses cafards.


Côté graphisme, ouais on voit que c'est Ankama, ce côté japonais francisé. Parfois c'est moche, parfois c'est beau, clairement ça dépend de la scène. C'est pour ça que ça dégoute et fascine en même temps. L'atmosphère est étrange, collante, gluante, aride et électrique en même temps. J'en pense que c'est le gros point positif de ce film, mais parfois le pire aussi. Certaines scènes frôlent la parodie alors qu'elles se veulent sérieuses, comme le moment où Angelo est interrogé par le grand méchant qui lui révèle toute l'histoire qui ressemble beaucoup trop à la salle finale de Brazil de Terry Gilliam. Autant mettre des références dans les scènes d'action ou dans les scènes comique ça passe, autant dans les scènes de tension, non. Je vois ce décors, j'essaye de retrouver pendant 5min à quel autre film ça me fait penser et quand c'est bon, bah j'ai pas écouté la moitié de son plan diabolique.


Orelsan est un très mauvais doubleur. Voilà. Tous les autres sont bons ou passables, mais c'est assez rare où la voix d'un des perso correspond vraiment à son expression à l'écran ou à son caractère. Je crois qu'à part celui qui fait Willy, il y en a très peu qui sont vraiment bons.


Ce qui caractérise vraiment ce film, genre LE truc qui fait que c'est un dessin-animé différent des autres, c'est son auto-dérision. Plusieurs fois, on va être amener à sortir du film, avec plein de messages types bande-annonce pendant les scènes d'action ou les transitions. C'est peut-être le truc le plus bizarre du film. D'habitude quand on va au cinéma, c'est pour sortir du monde réel et nous enfermer dans une salle noire, être coupé pendant 1h30 du réel. Là, il ne cesse de nous rappeler qu'on regarde un film, que rien de tout ça est vrai, même si on le sait bien sûr, mais ce film veut absolument qu'on prenne de la distance, et ça, c'est bizarre. Je dis pas que c'est nul, mais c'est ce truc là qui me fait penser à ces anciens dessin-animés chelous, qui me fait me demander si j'aime ou si j'aime pas ce film. Je ne sais pas si tout repose sur la distanciation là dedans, que ce soit avec ces catch-phrases dignes des bandes annonces des années 50, la voix d'Orelsan absolument pas crédible ou les multiples références, mais j'ai l'impression que le film n'est pas un simple dessin-animé pour adultes. Je crois qu'il y un sens derrière, genre qu'on ne regarde pas 1 film mais "un tissu de citations, issues des milles foyers de la culture" (si si, je reprend Roland Barthes, ça c'est la classe).


Une espèce de pot-pourri sans le côté péjoratif.


Ou alors je surinterprète totalement, j'essaye juste de trouver un sens là ou il n'y en a pas pour justifier ma note.
Franchement je sais pas, devant ce film je me demande vraiment si j'ai aimé ou pas, si c'était un bon film ou non, mais ce qui est claire, c'est que le recommande juste pour que vous vous en fassiez votre propre avis et que vous m'éclairiez sur le mien.

NadiaMi
7
Écrit par

Créée

le 13 avr. 2018

Critique lue 566 fois

2 j'aime

2 commentaires

NadiaMi

Écrit par

Critique lue 566 fois

2
2

D'autres avis sur Mutafukaz

Mutafukaz
Sergent_Pepper
7

Comment c’est bien

Le cinéma français n’a pas beaucoup besoin d’être défendu, il se porte plutôt bien ; on n’en dira pas tant de l’animation, qui émerge depuis quelques années avec de jolis projets et commence à se...

le 26 juin 2018

62 j'aime

9

Mutafukaz
Sullyv4ռ
7

Invasion Dark Meat Vice City

J'ai quelquefois comme des bonnes idées... Le visionnage du troisième volet de la saga Fast & Furious ayant été aussi agréable qu'une coloscopie sans anesthésie, je me précipite sur les horaires...

le 25 mai 2018

23 j'aime

4

Mutafukaz
Velvetman
7

Casseurs Flowters

Le Festival de Cannes 2018 vient de fermer ses portes et les sorties cinéma en salles hexagonales reprennent leurs cours. Mutafukaz, film d’animation franco-japonais, réalisé par Shōjirō Nishimi et «...

le 26 mai 2018

21 j'aime

1

Du même critique

Mutafukaz
NadiaMi
7

Une espèce de pot-pourri sans le côté péjoratif

Quand j'étais petite il y avait ces dessin-animés chelous qui passaient à la TV. Je savais qu'ils n'étaient pas adressés à un public de mon âge mais je les regardais quand même, un peu dégoutée et...

le 13 avr. 2018

2 j'aime

2

Constantine
NadiaMi
7

Bloody Constantine

Tout d'abord, je ne connais pas le comics. Enfin, je ne le lis pas. Pas encore. Donc je ne peux pas vraiment comparer la série au comics. Cependant, il parait que la série est plus proche du comics...

le 10 mars 2015

1 j'aime

Un chien andalou
NadiaMi
7

Moi, dans mon film, je veux des ânes, des curés, des pianos et des fourmis!

C'est un rêve. On dirai que Luis Buñuel et Salvador Dali on fait se court métrage après une bonne sieste et ont fait un mixte de leurs rêves. C'est vraiment bizarre.

le 30 août 2015

1 j'aime