Les gangs, c'est l'avenir

Voilà un film d’animation étrange, qui ne m'a pas laissé indifférent. « Mutafukaz » est une production franco-japonaise, issue de la bande dessinée éponyme (que je ne connais pas). Dans une ville sordide, gangréné par le crime, Angelino se retrouve impliqué dans d’étranges événements, liés à des hommes mystiques.

L’histoire est assez étonnante, avec un sujet qui s’emballe et part dans tous les sens. Entre action et fantastique, horreur et gores, la violence semble être le leitmotiv de l’œuvre, avec des séquences à vomir de dégout, absurde et souvent inutile. Entendez par là, du gore juste pour le plaisir. Le film semble attiré par les choses nauséabondes, en illustrant les pires bassesses de l'humanité et de nos sociétés. Il est aussi inquiétant de constater la vision qu'ont les auteurs de la justice, lorsqu’à la fin, le héros est sauvé par un gang, un gang qui nous aura fait profiter tout le long du film de ces crimes commis en toutes impunités. Je vous laisse chercher la morale. En effet, le fond m’a mis mal à l’aise avec une glorification de la violence et des criminels, difficilement défendable. S’il ne ressort rien de très subtil, de réfléchi, et de foncièrement bon de cette histoire, on ne pourra pas dire qu’elle est ennuyeuse. Le film déborde d’action, sans réel temps mort, le rythme est efficace et effréné. D’un certain côté, il y a comme une espèce de curiosité malsaine qui s’empare de nous et nous incite à regarder ce qu’il se passe après.

L’animation est remarquable par son identité et ses soins. Elle brille dans les scènes d’actions, ingénieuses. C’est le véritable point fort de l’œuvre.

Les personnages, en revanche, peinent à trouver un sens. La définition esthétique des héros est incompréhensible et en contraste flagrant avec le reste des personnages (plus conventionnel). Une folie que l’on ne cherche même pas à élucider tant l’œuvre part dans tous les sens. En ce qui concerne leur identité profonde, il n’y a rien à en tirer. Les personnages sont juste paumés et ils n’évoluent pas plus que mesure. Déprimant.

La musique est sensationnelle. J’ai adoré. Elle illumine le film et le soutient merveilleusement tout le long. Avec un éventail de sonorité urbaine très variée, et des thèmes efficaces. Une vraie prouesse.

La version française du doublage est à chier, on le doit avant tout au rappeur OrelSan qui assume d’une manière laborieuse le rôle principal. Son jeu n’a aucune intensité, on a l’impression qu’il lit son texte sans y mettre du sien. Une impression aggravée lorsqu’il prend la parole en off. C’est moue, c’est vide, c’est chiant. Sa performance sape intégralement la sympathie que l’on pourrait avoir pour Angelino. Le reste du casting est plus convaincant, heureusement.

OK, vous l’avez donc remarqué, je suis affreusement partagé dans mes impressions. J’ai adoré certains aspects et détesté d’autres. Le côté technique de l’œuvre, animation et musique notamment, est remarquable, même époustouflant. C’est très beau esthétiquement parlant. Le contenu, l’histoire et les personnages sont médiocres. La violence et le gore sont des taches, inutiles et purement provocants. Quel dommage! Ça aurait pu être tellement bien, mais il y a des erreurs de visions, de projections, des maladresses dans la production, à la base même du projet. Surtout, le manque d’intention et l’absurdité du message sont déplorables. Des erreurs déprimantes qui m’empêchent de mettre plus que la moyenne à ma note.

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