Comment c’est bien
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Autant avouer de suite que ça n'est pas ma culture à moi, ça. De la musique qui investit la tête au marteau-piqueur, de jeunes protagonistes en survêt', de l'urbain cradoque peuplé de zonards lourdement armés dont le chef obèse cite Shakespeare quand la barbarie l'empoigne, des cafards, des poubelles à foison, des apparts misérables et des caisses déglinguées... pas très pittoresque, comme univers. Sans compter l'humour un peu trash des dialogues et l'intrigue salement manichéenne... ça pourrait faire beaucoup pour un petit lutin bucolique de mon espèce. Eh bien le tour de force, c'est que c'est rattrapé d'entrée de jeu par la virtuosité des mouvements de caméra, la fluidité des images, l'esprit d'à propos de la musique, et la palanquée de décors somptueusement brossés par une équipe de dessinateurs de gros calibre, qui savent occuper l'espace et les nerfs optiques de main de maître. Honnêtement, j'ai encaissé le traitement clairement mangatique de la nénette à couettes (LA nénette, n'en cherchez pas d'autre - sauf la mère courage, bien sûr, mais qui a le bon goût d'être morte depuis la 2ème seconde du film) uniquement parce que, pendant qu'elle occupait le centre de l'écran, mes yeux avaient tout le loisir de s'attarder sur les menus objets de son environnement, croqués à la pince à épiler et au pinceau à un poil, qui m'ont semblé être les véritables héros de cette histoire déjantée : comment l'homme a épuisé la nature à se fabriquer tout un tas de petits accessoires délicieux qu'il a laissé se déglinguer à force d'incurie et de bêtise crasse pour devenir d'encombrants déchets du quotidien, dissertant en silence sur l'absurdité de la société de consommation. Car c'est bien là le centre du récit, si vous m'en croyez : l'inutilité pathétique de notre frénésie consommatoire, qui a transformé le monde, ou du moins certains quartiers en déshérence absolue, en poubelles insalubres saturées de détritus, où l'ordure déteint salement sur les gens qui vivent là, dans un cercle d'avilissement apparemment sans fond. En dehors de la fiction, qui trouve toujours un superpouvoir improbable à un ado qui s'ignore pour redorer le blason d'une espèce à bout de souffle (le consommateur, pas l'homme, hein...) et permettre une échappée qu'elle croit transcendante (et que je trouve puérile). Mais peu importe, il y a à voir et à ranger dans cette histoire, et ça, ça mérite toute notre attention !
Créée
le 29 août 2019
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