Wonder Woman est l’une des rares figures féminines d’envergure dans l’univers des super-héros. Avec plus ou moins de succès, elle a malgré tout traversé les décennies et demeure encore aujourd’hui un personnage de la culture populaire américaine, au même rang que Batman, Superman et consorts. Ne soyons pas dupes : le projet My Wonder Women signé par Angela Robinson n’aurait sans doute pas été possible sans le carton au box-office des dernières franchises DC Comics, à commencer par l’adaptation de Patty Jenkins de l’Amazone sorti dans les salles obscures l’été dernier. On peut le regretter, car derrière le personnage, se trouve un auteur bien méconnu au parcours extraordinaire.
Psychologue universitaire, scénariste de BD, psychologue pour le cinéma : les vies professionnelles de William Moulton Marston (Luke Evans) ont été nombreuses. Mais le film My Wonder Women évoque davantage la vie privée de l’auteur, tout aussi hors norme à son époque. Et pour cause, lui et son épouse Elizabeth (Rebecca Hall) ont vécu un amour à trois avec leur jeune assistante universitaire, Olive Byrne (Bella Heathcote). Un polyamour inspirant le futur auteur de Wonder Woman pour les traits de son personnage, qu’il voulait à l’image des idées progressistes qui l’habitait : féministe convaincu, fervent partisan de l’émancipation des femmes. Il voulait un modèle pour les jeunes filles. Chacune de ses actions, de sa lutte contre le puritanisme à sa recherche de l’égalité homme-femme, conduira à un trait de la personnalité de Diana Prince, l’Amazone au lasso.
My Wonder Women a le mérite de mettre en lumière les idées du créateur d’un personnage emblématique et de montrer ce qu’était à l’origine Wonder Woman. Alors que les blockbusters super-héroïques s’enfilent comme des perles et tendent à lisser les personnalités des nombreux héros américains, on ne s’en plaindra pas. Dommage en revanche que le film d’Angela Robinson tire trop souvent vers la romance hollywoodienne. Originale dans sa forme, certes, mais tellement convenue dans la manière de la présenter. Finalement, difficile de se dire que le matériau d’origine, le parcours exceptionnel et si peu connu de William Moulton Marston, aurait mérité mieux.