Road to nowhere

Un polar australien qui joue clairement la carte de l'authenticité.
Authenticité du décor : le bush australien, terre aride et dépeuplée, abandonnée des services publics, avec un unique enquêteur chargé de résoudre le meurtre d'une jeune aborigène, retrouvée assassinée au milieu de nulle part.
Authenticité de l'enquête : la caméra colle aux basques de ce flic méthodique et obstiné, aborigène lui-même, nous faisant partager l'ensemble de ses investigations, y compris ses démarches les moins productives.

Partant de là, il ne faut évidemment pas s'attendre à un polar énervé, au rythme frénétique et aux rebondissements nombreux.
Pour autant, si ce parti-pris peut se révéler frustrant (on relève quelques longueurs tout au long des 2 heures), l'ensemble ne s'avère pas déceptif comme un "Memories of murder", puisque la plupart des questions seront résolues en fin de métrage.
Mais ces réponses ne seront pas offertes sur un plateau par le réalisateur Ivan Sen, et nécessiteront un travail de la part du spectateur pour relier les différents points de l'enquête, et déterminer qui a fait quoi et pour quelle raison.

Si "Mystery Road" souffre de son rythme un peu monotone, et aurait sans doute gagné à intégrer deux ou trois morceaux de bravoure au cours de sa narration, Ivan Sen choisit de "récompenser" son public en toute fin de bobine, lors d'une unique explosion de violence spectaculaire (une fusillade dantesque).

Fortement imprégné des codes du western et du drame social, ce polar singulier ne fera donc pas l'unanimité en raison de sa lenteur et de quelques maladresses, mais comblera ceux qui sauront se laisser porter par son atmosphère languide et mortifère, et par sa capacité à décrire par petites touches le fonctionnement d'une communauté, ses aspirations et son désespoir.

Pour ma part, j'ai déjà très envie de découvrir "Goldstone", le deuxième long-métrage consacré au detective Swann, voire la série dérivée également intitulée "Mystery Road".