Elvis.
Carl Perkins.
Elvis.
Carl Perkins.
Elvis.
Carl Perkins.


Eternel débat d’une ville décharnée, coincée dans sa gloire passée.


Dans les rues désertes, dans les quartiers noirs, dans les bars ouvriers, dans les chambres d’hôtel miteuses, dans les émissions radio, dans les légendes urbaines, dans les surnoms, dans les conversations, dans les rêves, Elvis est partout. Le spectre encombrant du King flotte au-dessus de Memphis, au-dessus de chacun de ses habitants, au-dessus de chacun de ses visiteurs, confortablement drapé dans la mélodie mélancolique de Blue Moon.



Christ, there he is again. I can't get rid of that fucking guy.



Jarmusch démontre une nouvelle fois sa capacité déconcertante à retranscrire l’âme d’une ville le plus simplement du monde. 3 travellings latéraux, 3 plans fixes et 3 accords de guitare lunaires pour nous imprégner de la grandeur déchue de Memphis. Succession de vielles routes et de vieux trottoirs défoncés, éventrés par des touffes de végétation reprenant le dessus, bordés de vieilles maisons en bois aux peintures pastels lézardées, de vieux bâtiment de brique rouge franchement défraîchies et de vieilles salles de concerts abandonnées, à moitié en ruine.


Dans cette ville fantôme, hantée par les bananes gominées, les zippos argentés et les attitudes décontractées, se croise le temps d’une nuit les destins croisés de personnages de passage. Un jeune japonais mutique et sa petite amies aux T-shirt superposés, en pèlerinage dans la ville du rock’n’roll, une veuves italienne pas trop bavarde entre deux avions qui rencontre une jeune femme en fuite, bien trop bavarde, et un trio de loosers alcoolisés, mené par un Irlandais impulsif dépressif trouvent refuge dans un vieil hôtel miteux tenus par deux employés à la dégaine fantastique. Tous les acteurs sont magnifiques, toutes les répliques sont parfaites. Et Buscemi. Génial. A chaque apparition, à chaque geste, à chaque mimique, à chaque fois qu’il ouvre la bouche.


1 hôtel, 3 chambres pour 3 histoires parallèles. Nouveau film compartimenté sans réel intrigue pour ce bon vieux Jim. Ce qui importe avant tout, ce sont les personnes, les dialogues et les humeurs. Des personnes ordinaires qui ne sont habituellement pas représentés dans les films, dans des situations anodines qui ne sont habituellement pas représentées dans les films. Des personnes ordinaires incroyablement touchant dans des situations anodines tragiquement hilarantes.


La perfection nonchalante.

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le 9 mai 2015

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Clode

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