A la fin des années 80, la vie à Compton, petite ville de banlieue proche de Los Angeles, n'est pas très engageante. Très majoritairement noirs et pauvres, malmenés par une police ouvertement brutale et raciste, les jeunes qui y vivent n'ont guère de choix qu'entre petits boulots mal payés et trafic de drogue. De ce milieu violent et bouillonnant, un groupe de cinq amis va émerger avec un nouveau style de musique, un rap aux paroles crues évoquant la vie dans leurs quartiers. Et avec leur talent, les N.W.A. vont tout emporter sur leur passage.
Nombreuses sont les critiques que nous pourrons faire à N.W.A. : Straight Outta Compton. A mon sens, le plus marquant est sans doute que le film ne montre jamais la face sombre des membres du groupe. Tous commencent en ayant une vie compliquée et tous vont emporter nombre de leurs problèmes avec eux durant leur carrière. Si ces problèmes sont parfois mentionnés, ils ne sont jamais guère plus que survolés ou suggérés hors champ. Le seul qui soit ouvertement critiqué est Jerry, le manager du groupe. Et cela n'est guère surprenant puisque le film a été réalisé par ceux du groupe qui avaient le plus de reproches à le faire, que ce soit à tort ou à raison.
La violence qui avait suivi les N.W.A. est également très peu montrée à l'écran. En fait, toute la violence reste assez éloignée du premier plan et les tensions raciales qui éclateront en Californie au début des années 90 avec l'agression de Rodney King ne seront qu'un évènement mineur du film alors que les inégalités ressenties dans les quartiers des grandes villes sont supposées être au coeur même du gangsta rap.
Au lieu de tout cela, le scénario va principalement tourner autour de la négociation des contrats et de l'argent généré par le succès du groupe. Même sur un plan musical, l'incroyable succès du groupe paraît être une simple formalité d'arrière plan au milieu de quelques rivalités légères et des fêtes où se mélangent sexe et drogue. Et même dans ces domaines, les aspects négatifs sont excessivement masqués comme s'il n'y avait eu d'abus plus grave qu'un petit pétard en passant ou un ami jaloux à faire fuire.
Cependant, pour moi qui ne connaissais absolument pas le groupe et qui n'avais comme référence que le 8 Mile d'Eminem, tout n'était pas si négatif. La musique reste tout de même suffisament présente pour rendre le film appréciable. Bien plus présentes que dans 8 Mile, les séquences musicales sont quand même très sympathiques.
Les chansons sont généralement sous-titrées même si ce n'est pas systématique et donc un peu dommage pour la version française du film. La traduction des morceaux m'a paru bonne. Par contre, l'adaptation effectuée sur le reste du film est dans l'ensemble mais j'ai eu la sensation que quelques expressions d'argots avaient été remplacées par d'autres bien trop modernes pour la fin des années 80. Ce n'est évidemment pas trop génant mais cela m'a perturbé quelques fois.
Dans l'ensemble, N.W.A. : Straight Outta Compton est un film que j'ai apprécié malgré les nombreux reproches que l'on peut faire à son scénario. Les connaisseurs du groupe n'y découvriront sans doute rien et pourrait en ressortir déçus. Mais pour un amateur comme moi, cela fonctionne honnêtement.