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Nairobi Half Life, c’est une grosse claque pour tout le monde, mais encore plus pour ceux qui ont connu « Nairobbery, capitale du crime », surnommée ainsi par ses habitants pour son insécurité.


Ceux qui ont connu le Kenya se souviendront de la beauté sauvage de ses nombreux parcs nationaux où l’on retrouve lions, zèbres, hippos et autres, mais aussi de ses plages paradisiaques. Nairobi, pour les touristes et expats, c’est la ville effervescente où l’on peut se plaindre des bouchons et du bordel ambiant, mais aussi profiter des « malls » (centres commerciaux) climatisés, des résidences avec piscine, des brunchs dans les meilleurs restaurants et de folles soirées. Aux portes de la ville, on retrouve de nombreux bidonvilles où des centaines de milliers de Kenyans vivent dans la précarité et la débrouille au jour le jour, comme le jeune Mwas dans ce film, tandis que les expats et riches kényans, membres du gouvernement ou riches entrepreneurs, roulent en gros 4×4 et collectionnent les derniers produits Apple. Caricature ? Si peu.


Mais ce n’est pas l’objet de ce film, qui nous montre le Kenya tel qu’il est, avec justesse et sans trémolo. Et qui met en exergue les vrais problèmes de cette société : la précarité de la jeunesse, certes, et l’argent facile avec la criminalité, mais aussi le sexe et surtout, surtout : la corruption. Une société accablée par l’injustice permanente et les politiques vérolés. Mais malgré tout un peuple instruit, inventif et déterminé qui fait tout pour s’en sortir, et qui continue d’aller de l’avant, pour survivre mais pas seulement : pour se donner les moyens de vivre mieux.


Ce film, fruit d’une initiative culturelle visant à promouvoir la création artistique et intégrant des jeunes de Nairobi passionés de cinéma, est à ce jour sans aucun doute le meilleur film produit au Kenya. La dureté du film et la spirale infernale dans laquelle sont entraînés les personnages principaux, interprétés avec justesse et sensibilité, ont l’effet d’un coup de poing en pleine gueule et on en ressort secoué.

MargotFlandrin
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le 29 juin 2016

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Margot Flandrin

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