Avec Naissance d'une Nation David Griffith s'est logiquement imposé comme l'un des pères fondateurs du cinéma américain : inventeur du blockbuster hollywoodien, précurseur du langage cinématographique et grand maître en matière de reconstitution historique le célèbre cinéaste a donc révolutionné le Septième Art avec cette fresque ample et lyrique, à la fois remarquable sur la forme et fortement discutable sur le fond.
Plus d'un siècle après sa sortie en salles Naissance d'une Nation frappe encore par sa beauté technique et son apologie du mouvement Ku Klux Klan. Si Griffith s'en est dédit avec son prodigieux Intolérance l'année suivante la portée raciste de Naissance d'une Nation reste néanmoins difficilement contestable, conférant presque à de la naïveté mâtinée de sentimentalisme pas mal indigeste. Ainsi les personnages Noirs sont interprétés par des comédiens Blancs tartinés de suie et le héros sudiste Cameron trouve l'idée de l'accoutrement de sa future secte après avoir croisé une bande de gamins jouant aux fantômes, dissimulés sous un drap blanc...
Le film a pour lui son impressionnante réalisation et ses innovations narratives, ainsi que son imposante direction artistique. Son importance dans l'Histoire du Cinéma demeure finalement assez légitime, notamment pour son utilisation du montage alterné et sa polyvalence visuelle. Cela reste toutefois plombé par un manichéisme béat et proprement ridicule, qu'il faut cependant impérativement resituer dans son contexte. Un grand film, non exempt de défauts mais tout de même assez grandiose.