"Michalon !
_ Oui ?
_ Merde !
_ Bon."
On connaît tous un Michalon. Un de ces boulets de classe internationale. Un mec qui pense pouvoir voler les voleurs, truander les truands, détourner l'argent des dabes.
"Le Belphégor des hippodromes !"
Et tête de cochon avec ça ! Convaincu que le monde entier lui en veut (et il n'a pas tort, d'ailleurs, mais il a tout fait pour, le cave !), qu'il est victime d'erreurs de jugements, que tout cela est une injustice flagrante.
Mais avec un tel regard de cocker triste qu'il ne peut que déclencher la sympathie, le gonze. Du coup, pour se récompenser, on lui fout des torgnoles.
"Jeff, mets-lui une tarte.
Vous êtes vraiment des gens agréables, vous."
"A ton tour. Moi, il me décourage."
Lino et Constantin, ils ont rien demandé, eux. Ils voulaient vivre pépère. mais, vite, on se retrouve avec des ennuis.
"En cinq ans, pas un mouvement d'humeur ! Pas une colère, même pas un mot plus haut que l'autre ! Et puis d'un seul coup : crac, la fausse note, la mouche dans le lait ! Ah, je te jure que ça m'a secoué, oui !"


"Ben alors ?
_ Ben alors y'a un mec dans l'coffre !"
Et les ennuis, faut s'en occuper dans la grâce, sans se fâcher.
"J'peux vous l'embaumer façon Cléopâtre.
_ On vous demande pas de conserver, on vous demande de détruire !"
Et c'est comme ça qu'on se retrouve à affronter une bande de british dégénérés (pléonasme ?).
Et ça explose de tous les côtés.
"On fait quoi ? On continue dans la grâce ?
_ On avise."
Mais Lino, quand il se frotte les yeux comme ça, c'est qu'il est affligé. Alors, on avise à coups de bourre-pif, de bastos dans le buffet et de pétards cachés un peu n'importe où.
"Je critique pas le côté farce, mais pour le fair-play, y'aurait quand même à dire."


Alors, Lino fait le Lino qu'on aime, ours bourru constamment au bord de l'explosion. Jean Lefebvre tient là sûrement son meilleur rôle.
André Pousse est formidable dans son rôle de malfrat d'opérette.
J'aime Michel Constantin, donc il est forcément génial.
Et puis, il y a la grâce mutine, le charme de la superbe enquiquineuse, l'improbable Mme Michalon, Mireille Darc dans toute sa splendeur et sa sensualité.
Il y a un film gentiment ironique qui se moque de la modernité triomphante de ces Anglais sautillants.
"N'empêche, de là à le flinguer de sang-froid, sans parler d'assassinat, y aurait quand même comme un cousinage !"


"Ils m'ont traité de brute, Monsieur le commissaire !"
Est-ce une raison pour se fâcher ?

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le 1 janv. 2016

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SanFelice

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