Tendre, profond, caustique, hilarant : magnifique !
Ce n'est pas seulement parce que le dernier film d'Alexander Payne porte le même nom qu'un des meilleurs albums de Bruce Springsteen que je l'adore (et bien que le film fasse au Boss un clin d'oeil que je vous laisse détecter).
C'est aussi parce que tout en lui me plait. Son incroyable Noir et blanc, à la fois précis et parfois un peu délavé. Ses acteurs, dont la palette de jeu varie de la perfection au mythique (Bruce Dern, Prix d'interprétation mérité à Cannes !). Ses paysages stupéfiants de beauté. Ses péripéties qui allient humour, tendresse, causticité et pudeur.
Je prévois que bien peu partageront l'entièreté de mon enthousiasme, mais pour tout dire, je pense que j'ai avec Alexander Payne une relation très particulière : son cinéma ma parle directement au coeur, ses choix me paraissent évidents, en un mot comme en cent, je pense qu'il réalise le type de film que j'aurais moi-même réalisé si j'avais été cinéaste (voir ma critique de The descendants).
Il se trouve que dans la même matinée à Cannes l'année dernière j'ai vu Nebraska à 8h30 (c'était à ce moment-là ma Palme d'Or), puis La vie d'Adèle à 11h30 (re-Palme d'or) : il y a des jours comme cela où on ne regrette pas d'être sur la Croisette.
Je résume donc : images somptueuses, noir et blanc sublime, le film paraîtra lisse à beaucoup, qui ne verront pas la fabuleuse délicatesse de la palette de sentiments qu'il expose. Il constitue aussi une plongée dans l'Amérique profonde (culte de la bagnole, etc...). Enfin, il est d'une drôlerie macabre et réjouie, à l'image de cette scène sublime dans laquelle la mère soulève ses jupes au-dessus d'une tombe en déclarant : "Regarde ce que tu as raté". Hilarant, cruel, émouvant, Nebraska est un concentré de gouaille lucide, et comme toujours chez Payne, les sentiments les plus forts circulent avec une douce violence sous une surface limpide.
J'adore ce film.