Nerve fait clairement partie de ce genre de film très axé sur la technologie, internet, les réseaux sociaux, des trucs qui font partie de notre quotidien aujourd'hui, même un peu trop parfois. C'est d'ailleurs ce côté excessif que le film pointe du doigt, jusqu'où ira-t-on avec tous ces outils connectés partout, tout le temps ? est-ce qu'on ne serait pas un peu trop absorbé par nos écrans et qu'on ne ferait pas mieux de profiter de la vraie vie ? de parler en priorité aux gens qui sont en face de nous plutôt que d'échanger des tonnes de messages avec des personnes qu'on ne voit jamais ? Le film démontre surtout les effets pervers de tout ça, jusqu'où certaines personnes sont prêtes à aller pour être connues et reconnues, et jusqu'où d'autres sont prêtes à aller pour espionner, mater, assouvir leurs pulsions, scruter la vie privée des autres et surtout la contrôler et se sentir tout puissant caché derrière un écran et l'anonymat d'un pseudo.


Au-delà du thème qui est particulièrement intéressant et d'actualité, on a une photographie et tout un univers visuel pour souligner l'ensemble. Le design est très épuré, nocturne (puisqu'il se déroule sur toute une nuit) et très coloré. Malgré la noirceur du ciel, on a affaire à quelque chose de très lumineux, avec beaucoup de néons que ce soit en éclairage d'ambiance, sur les enseignes, sur les voitures ou même encore sur la moto de Ian incarné par Dave Franco. En fait, toutes ces lumières autour des personnages combinés à celles de la globalité de la ville donnent naissance à une sorte de bulle lumineuse, électrique et électronique dans laquelle évoluent les personnages sans qu'ils puissent en sortir, mettant parfaitement en exergue l'addiction au jeu Nerve, l'emprise qu'il a sur eux et dont il leur est impossible de sortir même s'ils le souhaitaient. Le jeu (et donc la technologie dans un sens plus large) prend clairement le contrôle de leur vie, non seulement présente, mais aussi future.
Les vêtements eux-mêmes ont également un but, celui de briller et de sortir du lot grâce à des couleurs vives ou à des strasses, là où les voyeurs se fondent dans la masse via des couleurs sombres et même des cagoules/foulards pour dissimuler leur identité et par là même protéger l'anonymat que les protagonistes ont abandonné.
Quant à l'affichage sur les écrans, il est lui aussi coloré, mais surtout dynamique et matérialisé directement sur l'écran du spectateur avec des bulles et des messages qui apparaissent régulièrement un peu partout. Ce dynamisme passe aussi par la mise en avant du côté matériel, comme si on suivait les informations via les câbles de fibre optique, via les ondes et les circuits imprimés.


Et pour saupoudrer tout ça on a une bande son évidemment plutôt électronique, cadencée pour maintenir l'ambiance ou la tension, un style un peu à la Kavinsky je dirais qui, combiné à l'ambiance du film, pourrait ainsi faire penser à quelques passages de Drive mais n'ayant pas trop apprécié ce dernier je ne m’étendrai pas sur le sujet.


En tout cas cette parade nocturne fonctionne plutôt bien, Nerve est assez rythmé dans l'ensemble, soigné esthétiquement et réussi à aborder correctement certains excès possibles que peuvent/pourraient provoquer la technologie et les réseaux sociaux dans nos vies. Alors 8/10 c'est peut-être un petit poil généreux mais j'ai bien apprécié le thème et le travail visuel alors pourquoi pas.


P.S : j'extrapole un peu mais je ne peux m'empêcher de penser au phénomène récent qu'a été la sortie de Pokémon Go, un jeu en réalité augmenté qui a eut un franc succès, et de le comparer aux sujets abordés dans Nerve. Mal utilisée, cette technologie peut nous faire faire des choses stupides : garder ses écouteurs partout dans la rue et se faire renverser par un tramway, écrire des sms en traversant la route, etc... Quand on observe les faits divers insolites liés à Pokémon Go on peut se dire que certaines folies montrées dans Nerve n'en sont pas si éloignés : des gens absorbés par le jeu : franchissent une frontière par inadvertance, entrent dans une base militaire, conduisent en même temps et emboutissent une voiture de police, tombent sur un cadavre etc... Tous les faits ne sont heureusement pas aussi sordides mais la folie exposée dans Nerve est sûrement bien inspirée.

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le 28 août 2016

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MasterFox

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