Je suis bien consciente des problèmes que j'ai trouvés à Nerve, et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de le hisser au rang de coup de coeur personnel. Tout d'abord, c'est un film avec une esthétique bien à elle, qui ne s'arrête pas seulement aux immersions dans le monde numérique de 2020 (qui ressemble beaucoup à celui de 2016, tiens donc), mais également à un travail de dingue fait avec la caméra, qui laisse une impression durable pendant et après le film. Ensuite, c'est un film avec une héroïne, et bien que la personnalité des personnages ne soit pas vraiment très creusée dans le film, elle a son caractère bien à elle et elle le défend plutôt bien. Enfin, c'est un film qui use de ressorts un peu éculés et qui suspendent un peu l'incrédulité
Le fameux cliché du "il y a un problème, quelqu'un appelle quelqu'un d'autre sans qu'on sache qui ni ce qu'ils se disent, raccroche en disant 'c'est bon, ça va le faire' et ensuite le-la spectateurice passe tout le reste du film à se demander quand cet appel à un ami va venir save the day", ici représenté par Sid qui appelle Ty et les hackers qui font genre que c'est terrible que les bots ne fonctionnent pas alors que ça fait partie de leur plan, que Vee se fasse tirer dessus, puisque Ty est dans le coup...
mais je lui pardonne volontiers parce que j'ai trouvé le message du film chouette sans être culpabilisateur. Il ne rejette pas entièrement la technologie, ni les réseaux sociaux, il met simplement en exergue un problème dont j'ai moi-même été victime avec Internet : l'anonymat qui permet de faire absolument n'importe quoi.
On peut parler aussi des suées froides que le film m'a provoqué, niveau immersion le taux d'adrénaline était assez élevé pour que j'en tremble parfois, du jeu d'acteur vraiment pas mal, de la jolie relation entre les personnages de Vee et de Ian (j'avoue TOUT : j'ai de plus en plus un gros faible pour Dave Franco, qu'est-ce que Hollywood a fait de moi) et une fin qui a satisfait la féministe en moi
parce qu'on pourrait croire que c'est Ian qui va tout gérer, puisque c'est un homme, qu'il connaît les rouages du jeu et que Vee est une personnalité timorée et même carrément de "voyeuse, pas de joueuse", comme lui répète Sid plusieurs fois. Que nenni ! Ian est celui qui perd espoir, qui baisse les bras et qui veut juste rentrer dans le système – il tente même une option très "je me sacrifie pour toi" assez ridicule, au fond il ne connaît Vee que depuis quelques heures, pourquoi se sacrifierait-il pour elle à part pour prouver une espèce de galanterie cheloue – mais c'est Vee qui règle le problème, et définitivement, avec l'aide cumulée de ses amis. Son courage est grand, tel est son destin. ♥
J'aime aussi assez que la relation entre Ian et Vee à l'écran ne se termine pas sur des promesses devant l'éternel : durant la scène de fin, il lui dit "sacré premier rendez-vous, hein ?", il est conscient comme les spectateurices que l'histoire a littéralement duré une soirée, et ça aurait été malhonnête (mais très Hollywoodien) de nous faire croire qu'ils allaient se marier avoir beaucoup d'enfants. J'ai aimé aussi que Vee puisse poursuivre ses rêves et que le film se termine sur ça, et pas sur un baiser avec Ian, parce que ça aurait détruit tout ce qu'était le personnage de cette fille depuis le début.
En bref, des défauts il y en a, mais ça ne m'a pas empêché de passer un excellent moment et de recommander ce film !
(En plus il y a Samira Wiley et un générique de fin juste terriblement stylé)