Le duo de metteurs en scène Ariel Schulman et Henry Joost ont campé derrière les laborieux « Paranormal Activity 3 et 4 » avant de nous vendre une leçon d’actualité. Leur talent de communication avec le spectateur est alors invoqué face au roman « Addict » de Jeanne Ryan, dont l’œuvre est adaptée.
On ne se mentira donc pas, le scénario est plein de promesse. Or, on pêche sur une narration parfois rééditée d’un « The Game » (Fincher) plus convaincant. Et c’est le principal défaut ici, où l’intrigue se limite aux nouvelles technologies, visant ainsi un jeune public connecté. Et au-delà du teenage movie que l’on attendait en abondance, on pourra être surpris des prises de conscience d’un monde dont le futur ne dépend que d’un clic. Quoique l’on ne s’éloignera pas trop du genre, bien lassant à force d’être nourri par des studios en manque de perspective.
On y aborde évidemment la décadence d’une jeunesse en proie de défi pour exister. La plupart se contente de ce qu’ils ont et évoluent avec le temps. Vee Delmonico (Emma Roberts) et Ian (Dave Franco) brisent cette barrière et propose de l’action puis de l’humour assez banalisé. Le chaos du système informatique ouvert est donc à l’étude. Ces personnages font face à une foule de spectateurs enragés de divertissement, mais ils s’engagent néanmoins à ce sentiment. Au second plan, une romance s’installe pour ajouter une profondeur chez ces protagonistes qui ne suffisent pas à rendre leur pantin respectif attachant.
Dernier point à aborder sur le format de sensibilisation. Les publicités ont tendance à extraire le message par le mal pour que l’on soit directement concerné. Ici, le film nous invite à prendre part à cette folie du jeu afin que l’on y prenne goût avant de nous en dissuader. Autant, la stratégie a de quoi plaire, cependant, elle manque de piment au dénouement peu calculé et prévisible au plus haut point. On sort complètement du registre pour se consoler avec une morale, contraire à ce que l’on a explosé au départ. Bien entendu, on ne reste que dans un cadre de format mal négocié. Mais cette jeunesse à qui l’on s’adresse n’a pas à être surpris mais à être séduit par le concept. L’absence de « violence » en est la cause, et mentionner les lourds dégâts ne remplace pas un bon angle de vue, quand on sait qu’on y trouve son compte avec un montage en live.
« Nerve » ne bénéficie donc pas du traitement que le roman tend à nous faire comprendre. La retenue des réalisateurs dans leur domaine d’expertise étouffe un projet de s’envoler. On en gardera tout de même le sentiment d’être concerné, sans pour autant être innocent.