Nés en Chine
6.6
Nés en Chine

Documentaire de Lu Chuan (2017)

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grandeur et décadence du documentaire grand public

En arpentant les rues de la ville, impossible d'ignorer les panneaux publicitaires du film, affichés en profusion. D'habitude je n'y suis pas sensible au regard de la qualité des produits qui en général se permettent ce genre du publicité, mais là des gros pandas, des panthères ça m'a interpellé.

Chez moi je matte la bande annonce. De belles images, des paysages somptueux, des animaux mignons tout plein. Jme dis: "aller, pourquoi pas aller le voir au cinoche, ca fait toujours du bien de renouer avec la nature sauvage à défaut de pouvoir le faire, piégé en métropole."
J'arrête là la mise en situation pour rentrer dans le vif du sujet. En un sens je suis sortie déçu de cette projection, non pas que j'y soit allé avec de grands espoirs cinématographiques mais que je me suis laissé avoir en imaginant quelque chose de simple et de beau.
Du beau en un sens il y en a. Disons plutôt du majestueux. Les images sont propres, nettes, pleines de couleurs et de contrastes. Parfois on se demande même comment l'équipe du film a réussi à tourner des plans aussi rapprochés sans interférer avec son objet et tout en gardant un contrôle de l'image. Ça parait loin le temps des documentaires animaliers ou le mec film avec une caméra à la main, à plat ventre, planqué derrière des buissons et essayant d'avoir une image potable sans être débusqué de son rôle d'observateur impartial.

Les paysages sont magnifiques et sont superbement rendu à l'écran. Un peu trop d'avance rapide à mon goût, un effet facile pour faire varier la lumière, les nuages, créer un mouvement plus évident et à la fois plus imperceptible. Mais admettons.
C'est alors que la narration commence. Mince, c'est vrai, c'est un film Disney, j'aurais du y accorder plus d'importance. Nous voila partie pour supporter une voix off insupportable qui n'a de cesse d’énoncer des niaiseries sentimentales ou des banalités.
Le film se construit autour de 5 espèces d'animaux, plus précisément de 5 familles parmi ces différentes espèces. Des grues, des singes, des panthères et des antilopes? On assiste à un traitement assez inégale de ces différentes espèces, notamment en ce qui concerne les grues, qui ne sont la que pour servir de dénouement à la narration et peut être ajouter quelques plans prétentieux.
Ici, il n'est pas question d'apprendre quoi que ce soit sur le mode de vie de ces espèces chinoise, de leur interactions avec leur environnement, de leur mode d'alimentation, de leur système de reproduction ou que sais je encore. Non, l'objectif est clair ici, c'est d'humaniser au maximum des espèces animales qui ne partagent pas grand chose avec nous autres, (qui sommes en passe d'annihiler leurs habitats et leurs existences, soit dit en passant) et de créer un semblant d'histoire à grand renfort de sentimentalisme et de morale.
Sous couvert d'exposer les forces inaltérables de la nature, on nous bourre le crâne avec les grandes valeurs de la famille, son importance suprême qui surpasse tout le reste, l'amour maternel et j'en passe. A cet fin, on n'hésite pas à donner des prénoms aux animaux, à leur prêter des sentiments et à les appuyer à grand renfort de gros plans accompagnés de musique de circonstance. (attention, je ne dis pas que les animaux sont dépourvue de toute espèce de sentiment, mais de là à en faire une variante de mélodrame à l'eau de rose faudrait chercher un peu de nuance et de subtilité)
On hésite pas non plus à profiter du montage pour faire croire à des scènes d'actions prises sur le vif. Ou alors j'aimerais bien savoir comment les types ont pu, pour filmer une attaque de singe par un rapace (qui doit se dérouler en quelques secondes), avoir un gros plan du rapaces en vol fonçant sur le singe, un gros plan du singe, un plan d'ensemble, et ainsi de suite. Mais bon, à ce stade on l'avait compris, on est là pour du spectacle.
Ajoutez à cela que c'est un film qui se destine, au moins partiellement, à un public d'enfant, on obtient un cocktail plutôt dégouttant si ce n'est les images en elles mêmes. Je n'ai rien contre les films pour enfant qui ont pour protagonistes des animaux anthropomorphisés, mais le faire sous couvert de documentaire est fallacieux. Rien de tel pour penser: "si même les pandas trop mignons ont une vie comme la nôtre, c'est que c'est l'ordre naturel des choses". Les enfants et les grandes personnes gagneraient bien à voir la vie de ces animaux tel quel est, sans argutie, touchante et belle, et pourquoi pas de comprendre que ces espèces qu'ils trouvent si nobles vont bientôt y rester à cause de l'huile de palme dans leur petit déjeuné ou du pétrole dans leurs vêtements et leur voiture.

jesusmalkov
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le 25 août 2017

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jesusmalkov

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