"Escape from New York", c'est avant tout l'un des films-phares du grand Carpenter. Pourtant, on peut affirmer que l'action n'est pas son genre de prédilection..
Petite anecdote en prémisse : le personnage de Snake Plissken, interprété par l'excellent Kurt Russel, a inspiré le Snake de la série de jeux-vidéos "Metal Gear".
Ici, l'intrigue est simple : un monde post-apocalyptique, une société dystopique ultra-sécuritaire, Manhattan comme la plus grande prison au monde. Le président, suite à un attentat en avion, est détenu dans cette prison ; Snake, un des plus grands criminels connus, doit le retrouver en un temps imparti, sous peine de mort.
Pour résumer simplement ce que j'ai pensé du film : les rues de New-York reflètent tout à fait ce que le cyber-punk sera plus tard sur les écrans ; Kurt Russell est convaincant, sa carrure détestable le rend indispensable, & le mystère l'entourant est assez épais pour passionner ; l'univers est complètement décalé, les personnages secondaires vont de l'effrayant (les fous sortant des égouts, influence à la Romero) au loufoque (The Duke & sa bande, la voiture & ses lustres), l'atmosphère est oppressante (la nuit quasiment constante, la course poursuite interminable, le compte à rebours) & quelques scènes de combat viennent rythmer la fuite des protagonistes principaux ; la bande-son est culte, d'autant plus que Carpenter a fait intervenir DeBussy, ce qui n'est pas négligeable.
Néanmoins, le film souffre du même reproche que j'avais fait envers "Blade Runner" : c'est mou ! Mou, & par-là même terriblement lent. Si quelques scènes de combat n'étaient pas au rendez-vous, le film semblerait durer deux longues heures. Beaucoup de scènes sont redondantes, futiles, voire parfois guises de remplissage (on passe & on repasse trois fois dans le même lieu, à l'instar d'un jeu-vidéo). La poursuite est somme toute assez lente, on comprend le fait que l'heure de Snake sur sa montre défile plus vite que prévu. Les combats sont marrants, même s'ils sont typiques du kitsch qu'entretient Carpenter dans les années 80 (cf la scène de dix minutes dans "Invasion Los Angeles").
Oeuvre malsaine entrant dans la carrière d'un Carpenter sans limite, "Escape from New York" se révèle comme un film visionnaire. Ayant voulu tirer des références inconscientes (écriture du scénario par rapport au scandale du Watergate ayant mis fin à la stature de Nixon, ou encore Phnom Penh, capitale cambodgienne, transformée en prison inhumaine par les Khmers rouges) auprès de son spectateur, Carpenter pose ici les bases d'une science-fiction lugubre, empreinte d'une réalité certaine, comme si tout cela pouvait un jour se passer.
Par ailleurs, il est toujours surprenant de revoir le World Trade Center en bonne & due forme.