Aussi déroutant qu’il soit, le film s’inscrit pleinement dans la vague de Strip-Tease. Ni Juge Ni soumise dresse un portrait tout en nuance d’une juge au charisme assuré.
Au final ce qui est le plus marquant c’est l’humour dont fait preuve le film, chaque réplique est pratiquement à se tordre de rire, alors que nous sommes confrontés à beaucoup de misère. C’est là tout le paradoxe des anciens de la série de documentaires télévisuels, alliant à la fois la véracité des propos autant que la fragilité des gens filmés.
Les réalisateurs ont trouvé les bons ingrédients pour adapter le format au grand écran : en utilisant un fil conducteur (une vieille affaire de meurtre non élucidée) digne des séries télé, ils pouvaient aisément installer leur cadre d’une société belge précaire ; allant jusqu’à dépeindre les prémices de la radicalisation islamiste.
On ne peut pas dire que le procédé laisse indifférent : je me demandais sans arrêt si les images étaient réelles tellement les dialogues, aussi percutants que dérangeants, semblaient s’inscrire dans une parfaite harmonie anti bien-pensante. Jusqu’à me poser de sérieuses questions sur le droit belge quand à certaines images.
Pourtant la juge Anne Gruwez y apparaît aussi solide et pimpante que jamais, son franc parler touchant autant que son humanité. Elle ne cherche pas à être parfaite et tente du mieux qu’elle peut d’instruire des affaires aussi banales que tragiques.
La forme, entre fiction et documentaire, n’a jamais desservi le propos. Ici point d’intervention des réalisateurs, la caméra semble capter des moments intimes sans jamais perturber les accusés pourtant en mauvaise posture. Le politiquement incorrect m’a d’ailleurs souvent fait penser au film C’est Arrivé Près de chez Vous ; j’ai énormément ri sans jamais être gênée de la situation, aussi cocasse ou dramatique qu’elle puisse être.
Le film sous-tend d’ailleurs quelque chose de plus dérangeant quand à nos sociétés, autant dans sa manière d’insérer les immigrants que dans son échec pour l’égalité des chances. Ce qui ne nous empêchera pas de rire du pire.

LuluCiné
8
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le 10 févr. 2018

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LuluCiné

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