L'intégralité de ma critique est lisible sur le site Vonguru : https://vonguru.fr/2019/03/10/critiques-nicky-larson-alita/
En voici la conclusion :
Que Nicky Larson et le Parfum de Cupidon ne soit pas « féministe » est un fait, et il est indéniable qu’il ne serait pas possible dans une autre société que notre patriarcat, s’ériger en grand défenseur de la morale en condamnant une comédie qui se moque si aimablement des travers du mâle contemporain me paraît cependant un vain combat. Il faut de surcroît dire qu’on pourrait très facilement faire une lecture contraire de Nicky Larson, et lire finalement du féminisme dans la dénonciation des travers de cette incarnation du patriarcat, progressivement amené à plus de sincérité et plus de délicatesse dans un bon parcours de transformation du personnage, au contact de la femme profondément forte, courageuse et intelligente qu’est Laura – véritable héroïne du film dont Nicky n’est que les gros bras, et qui défend même explicitement la notion de consentement ! Et pour une fois qu’un buddy movie n’embarque pas deux mâles… Notons que je ne crois pas vraiment à ce « féminisme », et ne livre cette lecture que pour montrer que dans un tel film, il est absurdement facile de chercher ce que l’on veut, surtout quand le but est de s’ériger en chevalier blanc plutôt que de le voir et le comprendre, en se fermant au reste.
Or ce reste, c’est d’abord une comédie très amusante, pas au niveau d’un OSS 117 ou d’un Mission Cléopâtre, mais juste un cran en-dessous, et qui jouit d’une réalisation étonnamment soignée pour faire briller des gags qui sans cela auraient pu être simplement bêtes, ou des scènes d’action qui sans cela auraient pu être simplement plates. Au contraire, on se prend très souvent à sourire, et l’on est assez pleinement immergé dans des combats filmés avec une grande intelligence, compensant les limites de budget et de compétences de l’équipe par les choix d’angle et de cut les plus judicieux, et suscitant régulièrement un certain saisissement devant tel slo-mo ou tel mouvement impeccablement chorégraphié. Au point que Nicky Larson se défend assez bien comme film d’action, et s’accorde dans son dernier quart quelques scènes sérieuses que l’on peut effectivement prendre au sérieux, construisant si bien la relation entre Nicky et Laura que film va jusqu’à se teinter d’un honnête et touchant romantisme, fort précisément parce qu’on ne pouvait pas l’attendre.
On croit dans tout ce que le film propose, sa déclaration d’amour hyper-référencée à City Hunter (le manga, l’anime, et sa version dans le Club Dorothée), son humour, son action, son romantisme. Avec Le Chant du Loup et Grâce à Dieu, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon contribue à l’étonnante richesse de ce début d’année pour le cinéma français – qui sait, on pourrait même regarder les Césars avec intérêt l’an prochain ! – et je ne peux manquer de le recommander comme il m’a été recommandé, au moins au public geek qui succombera presque à coup sûr à ses charmes.