Un coup de feu qui fait écho, Notre héros s'appelle Lacheau

L'adaptation à l'occidentale d'un manga est toujours un défi, particulièrement quand on voit la liste des licences qui ne sont pas ressorties indemnes de ce processus (Dragon Ball Evolution en tête). Alors évidemment, quand Lacheau, principalement connu pour ses comédies de seconde zone (que je n'ai pas vues cela dit) décide de s'attaquer au monument City Hunter et que le premier trailer du film ressemble furieusement à du Deadpool, l'angoisse est permise.
Malgré cela, les retours de plusieurs spectateurs/influenceurs étaient étonnamment positifs. Alors soit, donnons sa chance à l'ami Philippe, allons voir son chef-d'oeuvre.



Aucun danger ne l'impressionne



Nicky Larson et le parfum de Cupidon est l'adaptation de la version française de l'animé culte (vous suivez ?). On suit donc Nicky, mercenaire vivant en banlieue parisienne, à la recherche d'un parfum pouvant rendre amoureux toute personne reniflant son propriétaire. Il sera confronté à la fois à un groupe terroriste venu dérober le précieux liquide, à Mammouth, un mercenaire rival, et à Gilbert, un dangereux expert-comptable voulant séduire son actrice-fétiche, dans une enquête qui le mènera jusqu'aux tréfonds de la Côte d'Azur. Fort heureusement, il ne sera pas seul dans son périple. Il pourra en effet compter sur son associée Laura et sur Pancho, un jardinier attiré par cette dernière suite à une exposition au parfum.


Le point fort du film selon moi, c'est la gestion de son humour. Si l'humour de la série originale repose principalement sur le fait que Nicky soit un obsédé sexuel (c'est marrant 5 minutes, je dis pas, mais 35 épisodes...), les situations burlesques sont ici plus variées. Sérum de vérité qui rend Nicky trop honnête, parodies de clichés de films d'action, fantasmes sur le bedonnant Didier Bourdon, violences sur mineurs, apparitions fugaces de tétons et autres chibres... Rien n'est épargné, quitte à ce que l'humour serve parfois de Deus-ex-Machina (le méchant meurt à cause de son chien trop gentil). L'humour est clairement l'aspect le plus franchouillard du film, et même si les gags ne sont pas toujours très originaux (on nous fait 2 fois le coup de l'animal amoureux d'un humain), je mentirais si je disais que je n'avais pas ri pendant une bonne partie du film. Et si j'avais peur de l'intégration forcée des potes de Lacheau dans ce film, leurs personnages se marient bien avec le reste, même si dans l'absolu Pancho pourrait aussi bien être absent que ça ne changerait rien à l'intrigue.
Alors oui, "Gneugneugneu homophobie ordinaire", en même temps je ne pense pas que ça amuserait beaucoup de monde d'être contraint de changer son orientation sexuelle. Surtout Nicky, qui reste un pervers de première dans ce film.


Les scènes d'action sont plutôt bien chorégraphiées également. Elles ne réinventent pas l'eau chaude, mais elles sont lisibles, utilisent bien leurs personnages, ça pète de partout... Elles sont peut-être moins présentes que dans un épisode de la série (proportionnellement parlant), mais les critiques se plaignant de leur absence sont, je trouve, de mauvaise foi.
Enfin cela dit, il y en a quand même une que j'ai trouvé mal foutue...



Son crime restera impuni



C'est la scène de baston dans la décharge, je ne comprends pas l'intérêt de l'avoir faite à la première personne. Elle n'est pas illisible mais elle dure trop longtemps, d'autant que Nicky ne bouge absolument pas pendant toute la scène. Du coup on a juste l'impression de voir une séquence de baston d'un Assassin's Creed à la première personne, où les ennemis viennent se battre en 1vs1 et se font mettre KO les uns après les autres. Bref, c'est pas dynamique et c'est longuet, alors qu'en soit il y a de bonnes idées d'attaques grâce à l'utilisation de l'aimant géant.
La mise en scène des flashbacks est également le cul entre deux chaises. Traitée apparemment en tant que parodie (image qui se stoppe puis transition grâce à une saturation de la lumière, le genre de trucs qu'on ne voit plus depuis les années 90 quoi), leur contenu est étonnamment premier degré (la mort du pote de Nicky), ce qui donne un décalage bizarre. J'arrive pas à comprendre si je devais me marrer ou être triste devant ce que je voyais.


Mais ce qui m'a le plus gêné dans le film, c'est les clins d'oeil constants aux années Club Dorothée. Alors Lacheau est un vrai fan, ça se sent, il est sans aucun doute sincère. Mais sérieusement, quand on en vient à stopper toute une séquence juste pour foutre un caméo de Dorothée herself + une référence forcée à sa chanson "Les Chaussettes", c'est juste chiant.
C'est un exemple extrême, certes, mais les références pullulent dans le film sans qu'elles n'apportent grand-chose à l'intrigue. Une serveuse qui s'appelle Ranma et à laquelle on commande un demi, une annonce pour le petit Rémy qui a perdu ses parents, un caméo de Tortue Géniale (!), une flic qui "[s']appelle Hélène"... On a vraiment l'impression d'être à l'anniversaire de ce fameux pote de primaire qui a reçu un "Où est Charlie" en cadeau et qui force toute l'assistance à y jouer avec lui (alors que toi t'as qu'une seule envie : faire une partie de Smash Melee sur sa console).
Y'a vraiment que deux références que je trouve bien amenées : des gosses qui jouent au foot et qui s'appellent Olive et Tom (c'est rigolo) et le chanteur du générique original qui fait une reprise jazzy de sa chanson-phare (ça coupe complètement l'action, mais c'est tellement bien foutu qu'on est obligé de sourire). D'ailleurs, l'OST du film reprend plusieurs thèmes cultes de la série, ça fait bien plaisir.


Enfin, si j'ai personnellement beaucoup aimé l'humour régressif du film, j'étais accompagné d'une personne dont je tairai le nom qui a d'habitude le même sens de l'humour que moi mais qui n'a pas aimé le film. J'en déduis que soit l'humour est "hit or miss", soit que cet ami est devenu un défenseur des opprimés et que les blagues homophobes, transphobes, sexistes et zoophiles du film l'ont profondément choqué. Je verrai s'il se teint les cheveux en bleu prochainement...



Nicky Larson ne craint personne



On n'est pas en face d'un chef-d'oeuvre, ni même de la meilleure comédie française de la décennie, mais le résultat reste plus honnête et au-delà des espérances qu'on pouvait avoir à l'annonce du projet ou au visionnage de la première bande-annonce. Une expérience à tenter, ne serait-ce que pour voir le meilleur rôle de Didier Bourdon depuis Les Rois Mages.

Sonicvic
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le 18 févr. 2019

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Sonicvic

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