Entretien avec un vampire
Mine de rien, les films mettant en scène un héros totalement immoral sont devenus une denrée rarissime et à ce titre, cela constitue déjà une réussite à mettre au crédit de Nightcrawler (rebaptisé Nightcall en Français pour souligner le lien avec Drive avec lequel il partage une ambiance nocturne envoûtante).
Ainsi, le métrage n'est rien d'autre qu'une fascinante allégorie sur le thème du vampirisme. En témoigne le traitement de son protagoniste principal dont les traits émaciés, le sourire inquiétant et le regard halluciné lui confère des airs de créature de la nuit. Dans la peau de ce marginal obnubilé par son rêve américain et qui se nourrit littéralement du malheur de ses contemporains, Jake Gyllenhaal est phénoménal et trouve ici le rôle de sa carrière tout en dévoilant une palette de jeu digne des plus grands.
La performance mémorable du comédien vient transcender la charge de Dan Gilroy contre les médias qui se révèle assez prévisible mais qui fait néanmoins preuve d'un jusqu'au boutisme qui fait plaisir à voir en ses temps où le politiquement correct est devenu la norme à Hollywood.
Pour son premier film, le scénariste du pourtant nullissime Jason Bourne l'Héritage fait aussi preuve d'une grande maîtrise formelle, notamment dans sa manière de filmer LA de nuit qui rappelle furieusement Michael Mann.
Au final, Nightcrawler est donc une sacrée surprise, une oeuvre subversive et sombre (mais jamais gratuite ni complaisante pour un sou) portée par un acteur fantastique et un metteur en scène débutant auquel on pardonnera ses erreurs de jeunesse dont une tendance à laisser un peu trop la narration et les rebondissements reposer sur son anti-héros, réduisant au passage la part des (très bons) seconds rôles.
Un film dont on devrait reparler aux Oscars, au moins pour le prix d'interprétation....
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