Night Call par zardoz6704
Los Angeles, city of light. La ville qui ne dort jamais, ses néons, ses forêts de paraboles, ses ciels époustouflants malgré le smog. Et la bande-son électrique qui va avec.
Louis Bloom, un sociopathe de trente ans, tente d'y faire son trou, avec de menus larcins. C'est un autodidacte déterminé et intelligent. Un soir, il tombe sur un journaliste freelance couvrant un accident pour revendre le film à une chaîne. Il s'y met. Achète un émetteur couvrant les fréquences de la police. Apprends les codes. Recrute un employé. Prend contact avec KWLA, une chaîne locale dont la directrice des programmes l'attire. Commence à faire de l'argent, à coups de prises de vue sanglantes. Va parfois jusqu'à maquiller un peu les choses, voire entrer par effraction chez les victimes. Et un soir, il arrive avant la police sur le lieu d'une fusillade dans une villa, avec trois morts. Il voit s'enfuir les suspects, a même leur plaque minéralogique, mais ne dit rien à la police, qui vient l'interroger après avoir vu ces images sensationnelles, prises sur le lieu du crime avant la police. Il file les coupables, et envoie un coup de fil anonyme pour provoquer une arrestation dans un fast-food, alors qu'il pense qu'un des truands est armé. Cela déclenche une fusillade, puis une poursuite, et Louis s'arrange même pour faire tuer son équipier, devenu trop gourmand, et pour le filmer agonisant. La police n'est pas dupe mais doit le laisser filer.
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Une vraie réussite visuelle, avec cet environnement de néons, de lumières nocturnes, de feux de voiture, d'éclats de gyrophares.
Une réflexion sur la mise en scène, puisqu'il s'agit, au fond, de l'éveil d'un esprit dérangé à l'art de la manipulation des images, ou plutôt à l'art de provoquer des choses pour obtenir des images uniques.
Mais au centre du film, il y a la performance d'acteur de Jake Gyllenhaal. Dès le premier plan, son visage de hyène, ses cheveux fous d'inadapté social, son sourire qui rappelle celui de Norman Bates, ses yeux écarquillés et ses joues creuses frappent le regard. Louis est un être froid, qui ne sait pas compter sur la confiance mais a besoin de manipuler les gens, de calculer, et se révèle incapable de sortir de la solitude où l'enferme son tempérament obsessionnel. Il fait penser à certains personnages de Ellroy.
Très belle scène de hurlement devant le miroir, qui se brise et part en biais.
Il y a juste une séquence, que je trouve un peu ridicule : celle où Louis arrive avec sa prise de vue suprême (l'assistant en train de se faire tuer) et où la directrice des programmes lui parle comme si elle était excitée par les images. Leurs visages sont face à face, avec en fond l'écran, et une musique aérienne : c'est un peu trop, à mon sens, comme si le film se parodiait un peu lui-même en mimant une success-story mièvre. Comme si on était dans la tête de Louis, quoi.