Habitué des séries B sans prétention, Jaume Collet-Serra se veut ici plus ambitieux. On ne se contente pas du simple film d’action où ça fait « bim, bam, boum ! ». On essaie de raconter une histoire profonde liant de vieilles connaissances (un truand, un tueur à gages et un flic) et les progénitures des deux premiers. Construit comme une tragédie, les deux vieux amis que sont le truand et le tueur à gages vont s’entredéchirer (en voulant s’entretuer) parce que le fils de l’un a provoqué la mort de l’autre (même si ce n’est pas tout à fait ça) tandis que le flic espère (enfin) serrer le tueur à gages qui lui a toujours échappé. Ambiance noire, New York la nuit, alcool, cigarettes et poursuites entre les uns et les autres, et l’ambition du tueur à gages de se réconcilier enfin avec ce fils qui l’a toujours détesté.
Un film en somme tout à fait classique, plutôt bien photographié (même si la réalisation de Collet-Serra ne peut pas s’empêcher d’être parfois très tape-à-l’œil) mais qui hésite justement entre son classicisme et son envie de montrer des scènes où ça pète de partout. En découle un rythme chaotique et un ensemble qui se regarde un brin le nombril du type (« T’as vu le film d’ambiance que je peux faire ? »). Avec une telle brochète d’acteurs, on regrette que le film ne parvienne pas à trouver le ton juste.
La dimension tragico-mélancolique se mêle assez mal aux séries B pop-corn où on se défoule à voir le héros flinguer du méchant (du coup, ça fait mou du genou). Le film de vieux truands se mêle mal aux courses-poursuites sorties de chez Mario Kart (du coup, ça manque de réelle profondeur). D’où ce goût étrange qui ne s’estompe jamais de ne pas avoir frappé à la bonne porte et d’entendre que ce qu’on est venu chercher se situe juste chez le voisin. Dommage pour Liam Neeson, dommage pour Ed Harris et dommage pour Vincent d’Onofrio totalement sous-employé.