Sailing to Byzantium - William Butler Yeats

Nous sommes d'accord pour appeler ce film "No Country for Old Men" et pas "No Country for Old Men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme", titre français extrêmement long et très laid ? Surtout que ce film est tout sauf laid !

A vrai dire, je n'étais pas forcément conquis d'avance par ce film dont j'ai quand même mis 10 ans avant de le voir. Cela s'explique par le fait que le peu de ce que j'ai pu voir des frères Coen (True Grit et The Big Lebowski) m'a soit déçu soit laissé indifférent.
Je n'étais donc pas le cœur de cible du film et pourtant, j'ai été accroché dès les premières secondes et cette voix-off hypnotisante. Et depuis ce moment, je n'ai quasiment pas lâché le film.

Le film est divisé en plusieurs parties : l'installation de l'histoire, la traque et la fin. L'installation de l'histoire est probablement celle qui est la plus belle visuellement parlant : on est au cœur du Texas, dans sa nature sauvage et les frères Coen en rapportent de très beaux plans. On a réellement l'impression d'être dans ces plaines et de ressentir le vent.
La traque, elle, permet aux réalisateurs d'instaurer un climat haletant et légèrement anxiogène. C'est la partie la plus forte du film : elle est froide et brutale à l'image de ses personnes qui ne sont pas forcément tous nets.
Enfin, la fin continue sur le même ton que la traque mais elle instaure un peu plus de réflexions sociologiques. On ne peut pas dire que ce soit une morale non plus puisque rien n'est tranché et que les frères Coen posent simplement des questions éthiques / morales / philosophiques auxquelles les spectateurs répondront en fonction de leur vécu et de leur pensée.

Toujours est-il que les frères Coen n'auraient pas pu accomplir cela tous seuls. Ils ont pu compter sur principalement 3 acteurs réellement impressionnants : Josh Brolin, Tommy Lee Jones et Javier Bardem. Ce dernier a décroché l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et, en toute honnêteté, ce n'était pas volé : il fait froid dans le dos lorsqu'il se glisse dans les habits de ce sociopathe. On n'arrive pas à déceler une bribe de la personnalité de l'acteur, il est entièrement caché derrière son personnage. C'est une de ces performances rares au cinéma.

Bref, les frères Coen ont réussi à me conquérir avec ce film et à me faire admettre que l'Oscar du meilleur film était mérité.