No Pain No Gain par pierrick_D_

Miami,années 90.Trois culturistes désirant faire fortune décident de kidnapper un des riches clients du club de fitness dans lequel ils travaillent afin de le dépouiller.Le cerveau de la bande est Danny,un type shooté au rêve américain et aux théories comportementalistes fumeuses sur la réussite.Il use de son influence sur eux pour entraîner dans son projet ses potes Adrian,amateur de femmes bien en chair rendu impuissant par l'abus de substances dopantes,et Paul,ex taulard alcoolo repenti devenu religieux à fond.Le problème est que ces types sont de parfaits crétins.Mais ils vivent dans une société ultra capitaliste et dans une Floride où ils côtoient quotidiennement la richesse la plus insolemment étalée.Lassés de ne récolter que les miettes du système,ils sont prêts à tout,même au pire,pour en croquer.Contre toute attente,ils vont parvenir à leurs fins,dans un premier temps du moins.Mais leur incommensurable bêtise et leur manque de self-control vont les précipiter dans une incroyable spirale de violences en tous genres.Le film est tiré d'une histoire vraie,ce qui est difficile à croire.Les agissements des personnages sont tellement excessifs et insensés que ça ne parait pas possible.Ils vont multiplier les erreurs et,pour les rattraper,vont à chaque fois en commettre d'autres encore plus graves.La détermination des mecs fait froid dans le dos.Avec un pragmatisme imperturbable,ils vont perpétrer les pires horreurs en partant du principe qu'ils n'ont pas d'autres choix.A cet égard,ils sont parfaitement représentatifs du monde actuel,même s'ils en sont de monstrueuses excroissances.L'argent,avec la liberté et la considération qu'il procure,est devenu le marqueur social unique,et il n'est pas illogique que des esprits faibles puissent abdiquer leur humanité afin d'obtenir la richesse.Car les gars ne sont pas des criminels à la base.Ils sont socialement intégrés mais pensent que la fortune leur tend les bras s'ils font tout ce qu'il faut pour y accéder.C'est d'ailleurs ce qu'on leur claironne dans les séminaires d'épanouissement personnel.Evidemment,l'interprétation qu'ils font de ces conseils est largement faussée par leur idiotie congénitale.Du reste,Danny ne se sent pas coupable.Il faut le voir,scènes ahurissantes,s'installer sans vergogne dans la maison de sa victime et devenir la star du quartier.Il donne des cours de sport aux gamins et leur dispense sa morale bien particulière.Il donne des cours de self défense aux voisins parce que,dit-il,"le monde n'est pas sûr".Michael Bay s'avère être le réalisateur idéal pour mettre en images cette histoire,car le dynamisme de sa mise en scène empêche le film de s'attarder en route et de sombrer dans le glauque.Il n'élude pourtant aucune violence et détaille implacablement les coups,les tortures et les meurtres,mais le rythme rapide qu'il imprime évite la pesanteur sinistre,tout autant que l'invraisemblable drôlerie du film.Car,bizarrement,cette histoire absolument horrible est aussi horriblement drôle.A cause bien sûr de la débilité des "héros".Ces mecs sont des bras cassés,des branquignols,et leurs réflexions ou leurs réactions sont systématiquement en décalage avec les situations qu'ils vivent.Dès lors,on se retrouve dans une comédie désopilante,à condition toutefois d'apprécier l'humour très noir.Bay effectue un sans faute,alternant brillamment scènes d'action épatantes et moments hilarants sans jamais perdre la cadence.Et sans non plus exagérer dans le tempo déchaîné.Tout reste parfaitement lisible et agréable à suivre.La durée des séquences,les angles et les distances étant idéalement calibrés,la forme s'accorde impeccablement au fond.Quant aux acteurs,ils sont en état de grâce.Mark Wahlberg,en abruti buté et ambitieux,n'a jamais été aussi bon.Tout comme Dwayne Johnson,époustouflant en brute épaisse neuneu qui a rencontré Dieu.Anthony Mackie complète le trio avec brio.Les scènes dans lesquelles les mecs,pour évacuer le stress,se lancent dans des séries de pompes ou de développés-couchés sont à mourir de rire.Les seconds rôles sont à la hauteur.Tony Shalhoub,vedette de la série "Monk",fait une composition saisissante en victime martyrisée mais increvable.Il fait très bien ressortir la personnalité de sale con du type,qui le rend paradoxalement moins sympathique que ses ravisseurs.Ed Harris,détective usé mais opiniâtre,Bar Paly,strip-teaseuse aussi stupide que belle,Rebel Wilson,infirmière cochonne,et Peter Stormare,toubib gourou de la bandaison,sont également remarquables.