Voilà un sujet casse-gueule s'il en est; plus triste tu meurs. Près de 2h20 pour un film inspiré d'une histoire triste et un tantinet sordide (mais quand même moins que l'histoire dont elle s'inspire), de quoi redouter de franchir le pas. Effectivement, comment ne pas avoir peur de voir s'abattre sur soi un déluge de misérabilisme et de pathos (j'adore ce mot, si je n'en connaissais pas le sens je pourrais croire que ça signifie pattes en espagnol).


Heureusement, Hirokazu Kore-eda qui est à la manœuvre (scénariste, réal et monteur) nous livre une histoire sans chercher à outrer, avec le genre de pudeur qu'on attribue souvent aux japonais à tort ou à raison je n'en sais foutre rien. Pas de scènes gratinées de musique effet tire-larme donc, et en fait presque pas de musique du tout.
La démarche est louable mais donne un coté assez sec au film puisqu'en plus il ne mise pas vraiment sur un quelconque lyrisme.


Il faudra donc se contenter de l'histoire brute, soit celle du dépérissement d'une cellule familiale déjà bancale au départ. Et au final cette histoire est prenante même si certains moments, certaines longueurs semblent dispensables. Les moments tristes (et il y en a) se ressentent non pas de manière appuyée et donc artificielle mais réellement viscérale. Peut-être pas d'effusions de sentiments mais un climat ambiant que l'on ressent vraiment. Au départ peu convaincu par le personnage d'Akira qui m'avait l'air d'un peu trop bien gérer les choses (quoique c'est peut-être assez mature un gamin de 12 ans je ne sais pas trop), je me suis demandé quelle était la part de vrai par rapport à l'histoire de laquelle le film s'inspire.


L'important n'est pas vraiment là en réalité; de plus la suite montrera que malgré une maturité certaine, l’aîné reste un enfant et il ne pourra que subir la suite des événements.
Le film se conclut sans que l'histoire elle le fasse; et là ça émeut. Ça se finit l'air de rien, presque de façon légère. C'est avec un pincement au cœur qu'on quitte ces gamins sans pouvoir s’empêcher de se demander ce qui leur arrivera; pour moi, là est la réussite du film.

AfroA
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le 20 juin 2021

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AfroA

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