Une histoire de solitude et de vengeance...

Il faut un certain talent pour construire trois récits qui s’entremêlent continuellement, qui trouve leur inspiration l’un dans l’autre, et que l’on prend plaisir à suivre indépendamment les uns des autres. Ce talent, Tom Ford l’a. Nocturnal Animals est l’histoire d’une riche galeriste de Los Angeles en pleine crise existentielle (Amy Adams), délaissée par son mari (Jake Gyllenhaal). Vingt années après sa séparation de son premier époux, elle reçoit une lettre de ce dernier, accompagnée d’un manuscrit de son roman. Reviennent alors les moments vécus avec ce compagnon qu’elle a aimé, puis quitté, parce que trop romantique, trop « faible » à ses yeux…


Ces flash-back qui lui reviennent en mémoire sont renforcés par sa lecture. Ce roman, le spectateur peut le « lire » aussi puisqu’il est mis en image sous forme d’un polar violent, tendance western : une famille (jouée par Jake Gyllenhaal, Isla Fisher et Ellie Bamber) se fait attaquer sur la route par un trio texan en plein désert. Seul rescapé de cette virée infernale où épouse et fille perdront la vie, le père se chargera d’épauler un flic malade et vieillissant dans sa recherche des coupables.
Nocturnal Animals fait la part belle à la vengeance. Celle de l’écrivain qui dans une allégorie autobiographique se venge de son ex, coupable d’une séparation qui, par vanité, l’enverra vers un mari plus riche et plus volage. Celle de son personnage aussi, qui perd femme et enfant, et qui veut trouver le coupable… Notons les performances du trio d’acteurs principaux : Amy Adams, mais surtout Jake Gyllenhall dans son double rôle d’écrivain fragile et de père agressé, ainsi que Michael Shannon, qui crève l’écran dans son rôle de flic vieillissant.


Sur la forme, le styliste emmène son spectateur dans l’univers tape à l’œil, sophistiqué et luxueux de l’art contemporain, puis dans le désert aride texan, pétri d’imaginaire western. Dans les deux cas, la photographie est sublime. Et à chaque fois, un constat : que ce soit dans un décor de luxe chic ou dans un espace stérile, au final, la solitude prédomine.

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le 3 févr. 2017

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Adao

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