Tom Ford n’est pas cinéaste.


Les cinq premières minutes de Nocturnal Animals m’ont fait très peur. Presque clichés, chacun des plans était rempli de foreshadowing moins subtil que le précédent (cf : L’héroïne qui rentre chez elle au volant de sa voiture et qui se fait éclairer par le reflet des phares en se cachant le visage d’une main ; et surtout quand cette même héroïne ouvre le paquet contenant le livre : elle se coupe, ce qui pour moi est bien assez lourd pour que le message soit passé, mais non, elle rajoute en plus une phrase bateau du style “Le papier peut parfois faire mal”… Vraiment?)


Pour moi, ce film est monté à l’envers. Pas l’histoire non, cette présentation en “puzzle” est très intéressante. Mais le crescendo attendu ne vient jamais : on est dans une pression constante qui ne descend ni ne monte, et on fini par en être lassé. Et surtout : le moment le plus magistral pour moi, celui qui m’a collé à mon siège apparaît dans le premier tiers du film (la nuit, quand les deux voitures bloquent le passage à celle de nos protagonistes). Après cela… Tout parait fade, tant cette scène est incroyable, à couper le souffle.


La symétrie des plans est utilisée et ré-utilisée jusqu’à ce qu’elle soit banale, souvent forcée. Les codes de couleurs manquent là encore d’une grande subtilité (froid/chaud, bleu/orange,… Franchement rien d’innovant et pourtant on y a droit dans presque la moitié des scènes.).


Ce qui sauve ce film, et qui fait que je lui accorde cette note, c’est trois choses :
Le scénario en général. Pas vraiment du fait du réalisateur donc, mais le scénario est beau dans sa globalité, emprunt de mélancolie, et qui ne peut qu’être apprécié.
La scène des trois voitures alors qu’elles roulent, qui pour moi tient tout le film.
Le parti-pris du scénariste et du réalisateur dans les dernières minutes. Enfin! Enfin on est surpris, attentif, la pression remonte sans qu’elle soit grossière. Malheureusement, cela arrive trop tard, et je ne suis pas sortie de la salle pantelante, comme j'aime tant l'être après un bon film.


Tom Ford n’est donc pas cinéaste. De là à dire qu’il n’a pas de talent… Il est évident que non. Il a bien compris les codes du cinéma, mais il manque franchement de subtilité. Mais j’ai confiance et sait qu’il ne peut que s’améliorer, et est très bien entouré. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la suite…

Keiso
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le 12 janv. 2017

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Keiso

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