Prends moi par la main..

Second film de Tom Ford dans son nouveau rôle de réalisateur, ce film tente de réussir là où trop peu de films ont réussis auparavant c'est-à-dire jouer avec la temporalité.

En effet, le film mêle trois intrigues liées entre elles. La vie passé d'Edward et Susan avant leur divorce, la fiction d'Edward faisant écho à cette vie passé au travers de Tony et de l'assassinat de sa femme et sa fille, enfin, le présent dans lequel Susan semble être bloquée.

J'ai trouvé que ce passage d'une temporalité à une autre au sein du film n'était pas forcément bien négocié, on passe rapidement du coq à l'âne et on sent bien que Tom Ford semble piétiner plus on avance dans le film avec ce jeu de temporalité. 

Du point de vue de l'intrigue en elle même, je pense que Tom Ford n'est pas réellement allé au bout de la chose. Ce film aurait pu être beaucoup plus intéressant et beaucoup plus stimulant. D'ailleurs Ford en fait l'aveu de faiblesse avec cette scène où l'on y vont le tableau "REVENGE" comme s'il nous rappelait le mobile du film. À partir de ce moment, je me suis vite senti pris par la main et mes déductions se sont très vite confirmés par les multiples scènes qui suivent et qui nous mâchent le travail. Dommage de ce côté là car l'intrigue aurait pu, selon moi, aller beaucoup plus loin et éveiller un peu plus la curiosité et la conscience de chacun.

C'est d'autant plus dommage que l'esthétique et les plans sont travaillés avec minutie et soin. En effet, les enchainements de plan sont vraiment bien choisis et permettent au spectateur de rester concentré et curieux tout le long du film. De plus, le jeu des couleurs est assez bien orchestré avec cette ambiance très froide que l'on ressent quand on regarde les scènes où apparaît Susan (appartement très noir, plans sombres, opposition des couleurs blanches et noires quand elle apparaît avec ses employés).

Enfin bref, tout n'est pas à jeté dans ce film bien au contraire même s'il a le mérite d'être esthétiquement beau et plutôt bien filmé, l'intrigue nous donne l'impression d'un Tom Ford qui piétine et n'y croit plus dès la moitié du film se voyant obligé de tenir par la main son spectateur pour lui montrer où il va comme si finalement, à l'instar de son personnage, il se rendait compte de sa faiblesse en tant que réalisateur.