Noé
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Noé

Film de Darren Aronofsky (2014)

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Bon ben jusqu'au bout, Aronofsky a la capacité à flinguer complètement ses sujets les plus prometteurs. Quand le mec faisait Requiem for a Dream (son seul vrai bon film), il avait beau être grossier par moment, il avait également un vrai récit intense et intelligent. Depuis, il est juste devenu con.


Passe encore que le mec se remette à pomper Tsukamoto par moment: son Black Swan, c'était 2h de Satoshi Kon pour les cons donc j'ai même pas envie de pinailler parce que le mec se remet à utiliser par moment les effets en mode stop-motion (même si ils sont ici complètement à la ramasse et hors sujet par rapport au récit), parce que contrairement à Pi, il a au moins eu la décence ici de pas torcher Tetsuo pour les baltringues. Passe encore les effets spéciaux d'une laideur effarante, le jeu des acteurs à la ramasse complet, la réalisation qui alterne entre du "plan Blockbuster" et de la pure mise en scène à la Aronofsky (parce que les 3/4 du film contient toutes les conneries qu'il faisait sur The Wrestler et Black Swan, cette réalisation qui contient une idée cool de cadre ou de découpage toute les 20 minutes et qui te balance de la merde pseudo arty le reste du temps histoire de faire bander les vieux dans les festivals qui vont t'expliquer que le vrai cinéma raconte avec les images mais qui récompensent les films qui parlent pendant des plombes pour t'expliquer comment fonctionne le film parce qu'ils ont pas compris ceux qui racontent avec les images).


Parce qu'au moins, cette fois, Aronofsky a eu le mérite de s'intéresser à de la grande histoire. De celle qui est en soit universelle. Celle qui est censé questionner le spectateur sur ses croyances (ou ses non-croyances). Pour une fois, Aronofsky s'est intéressé à une histoire qui n'allait pas juste flatter les gens qui aiment contempler du vide quand ils vont au cinéma.


Mais alors, pourquoi ça passe pas ? Ça passe pas parce que tout d'abord, Aronofsky fait un cinéma qui parle. Ça parle moins que dans Black Swan, ça en montre un peu plus par les images, donc c'est plus sympa. Mais malgré tout, ça parle. Et putain ce que c'est grossier... Faut se coltiner les passages avec Anthony Hopkins en grand père qui pionce dans une grotte et qui se fait oublier par Noé au moment ou les torrents arrivent alors qui répète qu'il faut sauver sa famille mais vu qu'il bouffait une baie à ce moment on va dire qu'il était heureux donc ça passe. Faut se coltiner Ray Winstone complètement ridicule qui réussi à convertir le fils de la famille en 2 secondes sans que l'on ne comprenne vraiment comment il a fait mais on s'en bat les couilles parce que je pense qu'Aronofsky non plus n'avait pas la réponse. Et je passe tous les moments ou t'as ce con de Noé qui répète au spectateur le principe même de son histoire parce qu'apparemment on est trop con pour s'en rappeler alors qu'on est venu voir le film, donc j'en conclu que je suis malgré tout moins con qu'Aronofsky. Et surtout, en bon simple d'esprit qui a décidé d'être vegan, Aronofsky donne a son film la morale la plus simpliste que l'on pouvait faire avec cette histoire: les végétariens sont des gentils et les mangeurs de viande sont des méchants (kassdèd à AnneSoFruits au passage qui doit kiffer le film rien que pour ça). C'est complètement stupide, mais pas plus stupide et simpliste que le misérabilisme cynique de The Wrestler ou que le vide intersidéral de Black Swan qui justifie toutes ses incohérences par une hallucination du personnage principal et donne l'impression qu'il raconte un truc. Mais ça fout les boules par rapport à ce qu'il aurait pu raconter avec une histoire pareille.


Mais vu la taule que s'est pris le film de la part des critiques, l'intégrité artistique de cet auteur lui a apparemment murmuré à l'oreille de revenir un peu en arrière: il a torché Black Swan 2 avec sa nouvelle meuf... Et ce au même titre qu'à l'époque ou il s'était fait défoncer par les critiques pour The Fountain, il avait choisi de revenir en arrière et parler de la misère sociale pour The Wrestler parce que ça semblait plus proche de Requiem thématiquement parlant...

Plisskendune

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