"On se recroisera sur la route..."

Après l’effondrement économique d'Empire en 2008, la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. Elle va de contrats de travail en contrat de travail et croise d'autres "nomades" ayant fait les mêmes choix de vie.

Nomadland est un drame américain de Chloé Zaho de 2020. Le film a été récompensé plusieurs fois, notamment lors de la Mostra de Venise et des Oscars 2021 (3 récompenses).

Nomadland est un film humaniste. Les héros singuliers de ce film ont une vie particulière, jalonnée par leurs emplois saisonniers et les aléas de leur itinérance.

I'm houseless, not homeless...
Les itinérants ne sont pas sans abri, ils vivent dans leur van mais n'ont pas de maison. Allant de contrats de travail en petits boulots, ils se retrouvent sur les aires de repos et autres installations dédiées pour les accueillir. Fern (Frances Mc Dormand encore une fois très convaincante) passe d'un contrat de travail chez Amazon à celui de gérante d'aire accueil pour vans et camping cars, comme nombre de ses amis.

Résilience
Le film porte notamment sur ce que j'appelle la résilience américaine. Cette force de caractère et cette capacité pour rebondir me font souvent penser que les mentalités américaine et européenne, particulièrement française, sont bien différentes. Les personnages de Nomadland comme Fern sont eux aussi confrontés aux difficultés de la vie, notamment professionnelles. Pour autant, ils ne retournent jamais leur déception contre l'Etat ni contre le système, ce que l'on fait bien volontiers en Europe.
En effet, on ne peut compter sur aucun amortisseur social aux Etats Unis. Suite à son licenciement, la personne concernée doit se remobiliser immédiatement, au risque de ne plus trouver de travail et de sombrer. S'il est vrai que le marché du travail est plus dynamique aux Etats-Unis, les jobs sont aussi moins bien payés.

Fraternité
Si les protagonistes de ce film sur l'itinérance n'ont pas été épargné par la vie, ils ne sont pas pour autant aigris. Ils demeurent dignes, plutôt positifs et très attentionnés les uns envers les autres. Les soirées autour du feu donnent lieu à des échanges de thérapie collective où chacun revient sur son parcours de vie et ses incidents.

Tourné dans les paysages magnifiques (Badlands...) des Etats Unis, Nomadland et ses personnages cabossés se révèle être un film positif, souvent émouvant.

Trailer

Ma note: 7/10