Souvent les vieilles recettes cinématographiques ne donnent pas de bon plat: les films diffèrent en cela du pot-au-feu. Dans "Notre histoire" Blier reprend des ingrédients qui lui avaient fort bien réussi dans "Buffet froid". Malheureusement, ici l'alchimie ne prend pas. Les dialogues sont pourtant fort savoureux ( le monologue de Ginette Garcin est exceptionnel), mais il manque du souffle, et surtout du rythme dans cette "histoire" onirique. L'absurde est anesthésié par ce subterfuge narratif: tout cela n'est qu'un rêve. Cela banalise totalement le côté surréaliste du film. Autre problème : le casting. Delon veut briser son image, mais n'y parvient que partiellement. Les bonnes surprises sont dues aux seconds rôles, comme Garcin et Galabru. C'est là où le bat blesse en définitive, l'absence de truculence dans l'interprétation. Il eût fallu un kador comme Bernard Blier pour sortir de la déprime sous-jacente au film.