Ni langue , ni pays , ni armée .
Co-fondateur du collectif Kourtrajmé , Romain Gavras s'illustre notamment par une plume controversée et signe en 2007 la réalisation du clip Stress de Justice , blâmé pour son goût de l'ultra-violence et de la provocation . Notre jour viendra , qui fait probablement écho au clip Born Free qu'il réalise par la suite pour M.I.A , est donc son tout premier long-métrage .
Notre jour viendra nous plonge dans la quête hallucinée d'une idylle , celle de Rémy et Patrick , deux comètes marginales qui sèmeront dans leur sillage confusion et interrogations . Patrick est un psychologue nihiliste . Rémy est un jeune homme égaré . Au premier abord , rien ne semble les lier si ce n'est leur chevelure rousse . Mais lorsque les deux personnages se rencontrent , ils se promettent sans même le savoir une lente descente vers l'abîme , leurs abîmes , esseulées et meurtries . Tantôt maître et disciple , bourreau et victime , père et fils , Patrick et Rémy brûlent d'une passion destructrice . Il faut quitter ce monde qui ne les comprend pas . Incarner respectivement par Vincent Cassel et Olivier Barthelemy , ces deux personnages crèvent l'écran d'une singularité portée par un jeu adroit , touchant , souvent viscérale .
De même , en réalisant ce film , Romain Gavras démystifie le Nord , celui avec un grand Haine , et offre au spectateur la vision d'une terre sans doute froide , rurale , mais terriblement poignante , surprenante , troublante .
Finalement , Notre jour viendra n'est pas un film sur les roux . Ni un film sur l'intolérance . Pas plus qu'un film faisant l'apanage d'une violence gratuite . A mon humble avis , c'est la triste fable de deux astres condamnés à s'éteindre .