Hier, je suis allée voir Noureev à l’aveugle, ne connaissant presque rien du film ni même du fameux danseur. J’étais déjà refroidie par les différents avis mitigés lus par-ci par-là, je n’en attendais donc pas grand-chose. Le problème, c’est justement que Noureev ne cesse de nous décevoir là où l’on sent qu’il pourrait nous surprendre et nous plaire. On sort donc de la salle sur notre faim, un peu frustré de n’avoir pas goûté aux multiples saveurs que le film aurait pu nous servir.


J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le film et à comprendre où Ralph Fiennes voulait nous mener. Les nombreux flashbacks sur l’enfance de Noureev sont hasardeux, assez quelconques et inutiles : ils n’apportent rien au film. En effet, l’enfance de Noureev (relations difficiles avec un père absent, pauvreté, etc.) n’est pas du tout exploitée dans le « présent de la narration ». Les scènes de danse trop courtes et trop rares ne nous laissent pas profiter de la grâce d’Oleg Ivenko. On saluera d’ailleurs la bonne performance du danseur dans ce premier rôle en tant qu’acteur. On regrettera cependant la pauvreté des autres personnages dont la complexité n’est jamais vraiment explorée. Même le personnage de Noureev manque finalement de profondeur. L’idée de liberté qui habite le danseur est suggérée maladroitement le long du film dans quelques plans sur le vol d’oiseaux, dans un zoom sur le mot « Liberté » inscrit sur la Statue de la République, ou dans quelques sursauts impétueux du personnage. La richesse du mythe Noureev se noie dans cette irrégularité.


Le discours politique lui aussi est trouble. Que veut nous dire Fiennes ? On sent bien qu’il insiste sur l’oppression du régime russe mais, encore une fois, le sujet est seulement effleuré. Sur de nombreux thèmes donc, le film paraît timide.


Néanmoins, Noureev nous offre de jolis tableaux. Les scènes de contemplation au musée, devant Le Radeau de La Méduse par exemple sont assez saisissantes et plaisantes tout comme les différents plans sur la ville de Paris. J’ai parlé avant des scènes de danse, bien que trop rares.


En bref, on passe un bon moment mais on reste sur notre faim. On se perd parfois dans ce film qui accumule les époques temporelles, les scènes et les thèmes sans trop de cohérence.

dodal
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le 4 juil. 2019

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