Suite pas forcément attendue des Petits Mouchoirs, Nous finirons ensemble réunit cette même bande de potes neuf ans plus tard, encore très marquée par la perte de leur ami Ludo et visiblement en froid avec Max, le personnage acariâtre joué par François Cluzet qu’ils n’ont plus vu depuis 3 ans.
Un point de départ pas forcément folichon que Canet ne fait rien pour alléger. Un malaise s’installe d’emblée entre des personnages tristes et sombres, désabusés.
Le réalisateur semble questionner l’amitié sans réel lueur d’espoir. Il ne s’agit plus vraiment de savoir comment on devient amis, ni comment on le reste, mais pourquoi on continue à se voir lorsqu’on ne l’est plus tout à fait. Un programme pas très réjouissant.
Et il pousse très loin la noirceur de ses personnages, assez inégalement écrits. Max (Cluzet) est devenu la définition de l’expression « la vie lui a roulé sur la gueule », Eric (Lellouche) est devenu un connard arrogant avec le succès, Antoine (Laffite) son assistant un peu stupide corvéable à merci, Marie (Cotillard) compense son absence de but dans la vie en picolant et négligeant son fils et Isabelle (Arbillot) court de plan cul en plan cul pour redécouvrir une sexualité endormie pendant son mariage avec Alex (Magimel), personnage toujours aussi mal écrit, reposant peu habilement sur l’unique ressort de son orientation sexuelle. Le scénario, tout entier tourné vers ses personnages, flirte trop souvent avec les caricatures et abuse des grosses ficelles narratives (le saut en parachute, la sortie en mer).
Les rancœurs, les faux-semblants et les acrimonies sont trop visibles et on se dit que Canet est sans doute allé trop loin dans son opération d’atomisation du concept de la bande de pote.
Et pourtant quelque chose finit par prendre. Dans l’énergie qu’il trouve pour filmer sa troupe, son sens des plans et du montage, le choix des musiques qui les accompagne, sa direction d’acteur, un humour vachard un peu téléphoné mais efficace, Canet parvient à allumer une petite flemme qui décante cette ambiance viciée. L’aigreur s’atténue pour laisser la place à quelque chose de plus tendre, de plus rond qui s’achève sur un sourire qui fait un bien fou.

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le 2 mai 2019

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